Le chercheur et écrivain marocain Omar Saghi décrypte la visite de François Hollande, ce week-end.
Dans quel climat Hollande se rend-il au Maroc ?
Dans un climat de post-brouille diplomatique. La fouille du ministre marocain des Affaires étrangères par la douane à Paris a confirmé aux yeux des Marocains que la France ne fait plus de différence entre l’immigration de travail et les «notables». La démocratisation du mépris initiée sous Sarkozy semble se poursuivre. Aurait-on traité un ministre espagnol, roumain ou américain de la sorte ? Les Marocains se découvrent toujours dans la rive sud. Ces couacs sont un carburant qui alimente le moteur politique marocain… Le rapport à la France devient un sujet de campagne.
Au-delà de cette humiliation, qu’est-ce que cela dirait de nos relations ?
Sous la «chiraquie», la droite classique, avec son discours aristocratique, féodal presque, faisait la différence entre les «amis de la France» qui habitent rue d’Auteuil et les «immigrés» de banlieue. Rabat pensait de la même façon. Puis est arrivé Sarkozy et une sorte de distribution égalitaire et démocratique du racisme : tous Marocains, tous immigrés. Et maintenant, les Marocains disent : on connaît la gauche et on sait le type d’interrogations qu’elle pose - droits de l’homme, libertés fondamentales… Mais avec la droite, on n’est sûr de rien.