Il faut se méfier des journalistes, surtout s'ils sont gentils. C'est la leçon que doit méditer ce week-end Nikos Michaloliákos, le leader d'Aube dorée. Lors d'une interview accordée jeudi au journaliste Nikos Chadzinikolaou sur la radio Real FM, le chef des néonazis grecs «se sentait visiblement en confiance, face à un interlocuteur peu farouche», s'amuse Dimitri Zotos, avocat de plusieurs victimes d'Aube dorée. Sans prévenir, le leader néonazi se lâche et reconnaît la «responsabilité politique» de son parti dans l'assassinat du jeune rappeur Pávlos Fýssas, il y a deux ans. Mauvais hasard du calendrier : l'interview est diffusée la veille de la commémoration du meurtre. Lequel avait provoqué à l'époque une telle émotion en Grèce que toute la direction d'Aube dorée avait été inculpée de «participation à une organisation criminelle». Relâché en mars, à la veille de l'ouverture du procès, Michaloliákos a d'abord fait profil bas. Mais à l'approche des élections, les néonazis sont ressortis de l'ombre, capitalisant sur l'échec de Tsípras à Bruxelles pour tenter de gagner des électeurs attirés par un vote de sanction. «Mais en faisant ressurgir le fantôme du jeune rappeur, son leader a suscité l'indignation générale», estime Dimitri Zotos. Reste qu'Aube dorée, même sans augmenter son score de janvier (près de 7 % des voix) pourrait bien être la troisième force politique au sein du nouveau Parlement. M.M.(à Athènes)
Les néonazis sortent de l’ombre
Quel avenir pour la Grèce ?dossier
par Maria Malagardis
publié le 18 septembre 2015 à 19h46
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