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Libération

Plus de 20 000 réfugiés sont arrivés en Autriche ce week-end

La Croatie et la Hongrie ont fini par organiser le transfert vers l’Autriche des milliers de migrants bloqués chez eux.
A Nickelsdorf, à la frontière austro-hongroise, dimanche, des policiers autrichiens. Les autorités du pays ont promis de trouver un endroit où dormir pour chaque réfugié. (Photo Vladimir Simicek. AFP)
publié le 20 septembre 2015 à 19h28

Depuis plusieurs jours, ils étaient coincés dans un no man’s land balkanique dont ils voulaient s’extraire. Coûte que coûte, ils désiraient poursuivre leur route, vers l’Ouest de l’Europe. Et finalement samedi soir, Zagreb a affrété des bus. Les autorités croates ont conduit des milliers de réfugiés vers la Hongrie pourtant barricadée. Qui par miracle, malgré les barbelés et les discours sévères, s’est ouverte facilement. De là, des cars hongrois ont ensuite pris le relais. Résultat : sans aucune concertation avec les autorités autrichiennes, au moins 12 000 migrants sont arrivés, dès l’aube, en Autriche ce samedi. Dimanche matin, le petit village de Nickelsdorf, dans la région du Burgenland, était de nouveau la porte d’entrée en Occident des damnés du Moyen-Orient. Et en milieu d’après-midi, l’autoroute de l’est, qui relie Vienne à Budapest, était partiellement fermée à la circulation. Faute d’accord au niveau européen, le flux des réfugiés continue donc, dans la plus grande improvisation et au jour le jour, de converger vers Munich, en Bavière. Où l’accalmie n’aura duré que le temps de la Fête de la bière.

Pourtant il y a six jours, l’Autriche avait rétabli les contrôles aux frontières. Elle avait déployé l’armée. Mais c’était plus un effet d’annonce qu’autre chose. Car, sauf à singer sa voisine hongroise dans la surenchère sécuritaire en érigeant des murs et en musclant sa législation, elle n’a aucunement les moyens d’empêcher rapidement les migrants d’entrer sur son territoire s’ils le souhaitent.

Un lit de camp, un plat chaud et une bonne couverture

En plus de la région du Burgenland, celles de Styrie et de Carinthie ont également assisté à l’arrivée des premières colonnes de réfugiés ce week-end. Samedi, la Croix-Rouge a entamé la prise en charge de 500 Syriens, Afghans et Irakiens à la frontière slovène. Une trentaine de tentes sont depuis installées au poste de Spielfeld. On y prodigue des soins à ceux qui le souhaitent. Les autres sont libres de poursuivre leur route. S’ils veulent passer la nuit ici, ils sont alors aiguillés vers différents centres d’hébergement d’urgence. Vienne met tout en œuvre pour que chaque réfugié trouve un lit de camp, un plat chaud et une bonne couverture dans les six heures qui suivent son entrée sur le territoire. De samedi à dimanche, 5 000 personnes ont ainsi dormi dans le pays. Et les places ne manquent pas. Ni les bras.

Des traducteurs expliquent bien aux nouveaux arrivants qu’ils ont la possibilité de déposer une demande d’asile en Autriche et le nombre des dépôts de dossier augmente sensiblement, pour s’établir à plus de 400 par jour, désormais. Toutefois, l’immense majorité des exilés n’ont toujours que l’Allemagne, toute proche, en tête. Même chose en Slovénie. Jusqu’à présent, environ 2 500 réfugiés ont transité par ce petit pays de seulement deux millions d’habitants. Tous, pratiquement, ont été enregistrés par les autorités, mais sept personnes seulement ont exprimé le désir d’y reconstruire leur vie meurtrie.