Une victoire de la gauche réformiste. Comment qualifier autrement le succès remarquable d’Aléxis Tsípras, qui remporte haut la main sa troisième épreuve électorale de l’année en dépit des volte-face de l’été ? Ainsi, le rejet de l’Europe qu’on voit se manifester dans plusieurs pays, et même en France où il progresse, n’a rien d’une fatalité. En Grèce, le peuple a choisi l’Europe, serait-elle porteuse d’efforts douloureux, comme en témoigne la déroute subie par les dissidents de Syriza, qui représentent la version grecque du souverainisme de gauche. Plutôt que l’inconnu de la rupture avec l’euro, les Grecs demandent à Tsípras le réaliste de conserver leur pays dans l’Union, tout en s’efforçant d’atténuer l’austérité acceptée à Bruxelles. François Hollande, l’un des premiers à saluer la victoire de Tsípras, qu’il avait en partie cornaqué pendant la crise de juillet, ne s’y est pas trompé. Voyez, dit-il subrepticement, on peut mener une politique de compromis avec l’Europe, rigoureuse, douloureuse même, et se faire réélire. L’allusion est de bonne guerre. Mais il n’est pas le seul. Sur sa gauche, Pierre Laurent, secrétaire du PCF, salue lui aussi le parcours de Tsípras après avoir participé à son dernier meeting de campagne. Pierre Laurent aussi fait le choix de l’Europe, tout en réclamant la fin de l’austérité. Oxymore ? Oui et non. Contrairement à ce qu’on a dit ou écrit, le gouvernement grec a obtenu des contreparties à son acceptation des exigences de Bruxelles : des crédits importants pour tout de suite, un allégement de la dette pour plus tard. Et, surtout, le combat pour une autre politique européenne continue, une politique moins liée à la finance et plus proche des intérêts populaires. Dans ce combat difficile, le choix des Grecs est un précieux renfort pour la gauche européenne.
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