Les chefs d'Etat et de gouvernement européens doivent se retrouver ce mercredi pour tenter de finaliser une répartition des demandeurs d'asile au sein de l'Union, qui se dessinait mardi (lire notre article). Un défi politique, tant certains pays de l'Est rechignent à faire un pas vers plus de solidarité. La France, de son côté, s'est engagée à accueillir d'ici deux ans 24 000 réfugiés potentiels, notamment syriens. Un effort important, mais loin d'être insurmontable. Cette année, 65 000 personnes devraient demander l'asile dans le pays, un niveau comparable à celui de l'an passé. L'Allemagne pourrait attirer jusqu'à 800 000 personnes en 2015. La Suède, comparativement à sa population, était le pays le plus demandé en 2014. Les assertions d'un certain nombre de responsables politiques affirmant que la France subit un «afflux» de migrants sont exagérées. Ainsi de Nicolas Sarkozy, qui affirmait il y a deux semaines que les réfugiés entrés au sein de l'espace Schengen «finiront inéluctablement chez nous» en raison «d'allocations sociales supérieures».
En réalité, les migrants ne voient plus la France comme une destination privilégiée. Peu attractif économiquement par rapport au Royaume-Uni et aux Etats du nord de l’Europe, le pays souffre aussi d’une mauvaise réputation chez les candidats à l’exil. Policiers français bloquant la frontière à Vintimille, évacuations chaotiques des campements de fortune parisiens, situation indigne dans la «jungle» de Calais : toutes ces images circulent et marquent les esprits. Les procédures à rallonge pour tenter d’obtenir l’asile - qui n’est finalement accordé qu’à un tiers des demandeurs - noircissent encore le tableau.
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