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Icebergs

Leonardo DiCaprio, le vert galant

Comme 400 institutions et 2 040 particuliers, l'acteur écolo a appelé à ne plus investir dans les énergies fossiles, poursuivant ainsi son action en faveur de l'environnement.
Leonardo Di Caprio, lors de la conférence «Divest-Invest» mardi, à New York. (Photo Justin Sullivan. AFP)
publié le 23 septembre 2015 à 18h34

Après les universités Stanford ou Harvard, la fondation du quotidien britannique The Guardian, l'église d'Angleterre ou encore le fonds de pension public norvégien, le plus gros fonds souverain au monde, voilà qu'un homme, à titre individuel et via sa fondation, a décidé de s'engager dans le grand mouvement mondial de désinvestissement des énergies fossiles. Et pas des moindres: Leonardo DiCaprio. L'acteur fétiche de Martin Scorsese montre une constance assez rare dans son engagement écolo. «Avant de devenir acteur, je voulais être biologiste», avait avoué ce fils de hippies dans une interview à Elle en 2013.

L'annonce a été faite mardi après-midi à New York, lors de la conférence Divest-Invest, en plein Climate Week. Ce mouvement de désinvestissement, qui consiste à retirer ses billes (actions, obligations, prêts…) du secteur fossile, dont l'extraction et la combustion sont en grande partie responsable du réchauffement climatique, est né il y a cinq ans sur les campus américains.

2 600 milliards de dollars

Outre «Leo», premier people à désinvestir à titre personnel, le fonds de pension des fonctionnaires californiens, le Conseil œcuménique des Eglises et l'Association médicale canadienne ont également annoncé avoir sauté le pas lors de la conférence de mardi. Plus de 400 institutions – organisations caritatives, communautés religieuses, universités, fonds d'investissement – et 2 040 particuliers dans plus d'une quarantaine de pays ont rejoint le mouvement. En tout, les avoirs totaux et cumulés des institutions et particuliers qui désinvestissent des énergies les plus polluantes (pétrole, gaz, charbon, schistes...) représentent 2 600 milliards de dollars (2 330 milliards d'euros). La somme réellement désinvestie du secteur fossile est bien inférieure, et reste sans commune mesure face aux milliards de dollars d'investissements mondiaux dans les fossiles. Mais ce mouvement de désinvestissement prend une ampleur indéniable (l'an dernier à la même date, ces «désinvestisseurs» ne représentaient que 50 milliards de dollars), et vise surtout à «enclencher un processus qui délégitime moralement les profits issus des énergies fossiles», comme l'explique la journaliste canadienne Naomi Klein, très investie dans cette campagne avec l'ONG 350.

Une partie de l’argent dégagé des énergies fossiles a été directement réinvestie dans les énergies renouvelables ou l’efficacité énergétique. Ce mouvement n’est pas seulement porté par des philanthropes, mais également par des investisseurs, conscients du risque de «bulle carbone». En 2012, le groupe de recherche britannique Carbon Tracker calculait que, pour maintenir le réchauffement en deçà de +2°C (seuil à ne pas dépasser selon les scientifiques, et sur lequel devrait se baser l’accord de Paris, lors de la COP21), seul un cinquième des réserves fossiles affichées dans les bilans des industriels des énergies fossiles devrait être exploité.

Fondation soutenant des projets de protection de l’environnement

«Le changement climatique a des impacts sévères sur la santé de notre planète et de ses habitants, a déclaré DiCaprio, lors de la conférence. Nous devons accélérer la transition vers une énergie propre qui ne repose plus sur les énergies fossiles, cause principale de ce problème mondial». L'acteur de 40 ans affirme avoir été «convaincu» après avoir «regardé avec attention ce mouvement grandissant de désinvestissement des fossiles, et d'investissements dans les solutions pour le climat. Il est temps de faire savoir à nos décideurs qu'en tant qu'individus et institutions, nous prenons des décisions pour lutter contre le changement climatique, et que nous attendons d'eux qu'ils fassent de même lors de la Conférence de l'ONU sur le climat à Paris.»

DiCaprio avait levé près de 40 millions de dollars cet été lors d'une soirée caritative à St Tropez, pour sa fondation qui soutient des projets de protection de l'environnement, créée en 1998 après le succès de Titanic. «Nous détruisons nos forêts, nos paysages sauvages, nous polluons nos rivières et nos océans, soumis à la surpêche, tous ces écosystèmes qui non seulement abritent la biodiversité de notre planète, mais rendent aussi possible notre vie ici», avait alors déclaré l'acteur.

Voiture hybride et jet privé

Président de la Journée de la Terre aux Etats-Unis en 2000, membre du Global Green USA et de Natural Resources Defense Council, il se bat contre la déforestation, l'industrie de l'huile de palme, l'érosion côtière ou pour la sauvegarde des tigres depuis plus de quinze ans. C'est Al Gore, l'ex-candidat du Parti démocrate lors de l'élection présidentielle de 2000, qui a fait naître cet engagement chez l'acteur : «Il m'a expliqué le changement climatique et ses effets sur l'humanité. J'ai trouvé ça terrifiant.» En 2007, il a produit la 11heure, le dernier virage, documentaire sur l'état de l'environnement.

Pour Inception, il avait insisté auprès du producteur pour alimenter tous les générateurs en panneaux solaires. Le «premier "tournage vert" à gros budget de l'histoire», s'était vanté dans un entretien à Paris-Match l'acteur qui mange bio, conduit une voiture hybride, a des panneaux solaires sur sa maison, un système de filtrage de l'eau… Et se déplace un peu trop souvent en jet privé, ce qui n'a pas échappé aux tabloïds qui lui reprochent son «hypocrisie».

Cette année, DiCaprio s'est également lancé dans la restauration d'une île au large du Belize. Blackadore Caye, dont il est l'heureux propriétaire, a souffert de la surpêche, de l'érosion côtière et de la déforestation de sa mangrove. L'acteur a décidé d'en faire un luxueux projet d'écotourisme, et un ambitieux laboratoire de biodiversité. C'est bien le moins, pour celui qui était, avec 45 millions de dollars perçus en 2014, le deuxième acteur le mieux payé d'Hollywood.

Article mis à jour le 24/09/2015 à 14h45, avec une précision sur le montant des actifs désinvestis.