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Libération

Un rapport appelle à lutter contre la résistance croissante des infections aux antibiotiques

publié le 28 septembre 2015 à 20h06

«Les antibiotiques, c'est pas automatique.» On se souvient de ce slogan, lancé par l'assurance maladie en 2002, pour combattre leur prescription trop systématique. Aujourd'hui, si rien ne change, ce sont les résistances aux antibiotiques qui vont être automatiques. La semaine dernière, le Dr Jean Carlet a rendu publics les résultats, alarmants, de sa mission sur ce sujet. «La résistance bactérienne aux antibiotiques est devenue un grave problème de santé publique qui progresse très rapidement.» En France, plus de 150 000 patients développent chaque année une infection liée à une bactérie multirésistante et plus de 12 500 en meurent. A ce coût humain s'ajoute un coût économique : la France dépense 71 millions d'euros de plus que ses voisins en antibiothérapie en ville (par rapport à la moyenne européenne). Pire, cette surconsommation est repartie à la hausse : après une baisse continue entre 2000 et 2004, puis une évolution en dents de scie, «depuis 2010, on observe une tendance à la reprise qui se confirme chaque année, avec une hausse de près de 6 %», alerte le Pr Antoine Andremont. On observe ainsi la montée des résistances pour des pathologies banales, comme les infections urinaires chez la femme. Aujourd'hui, des dizaines de milliers de malades sont devenus résistants. Et endurent des semaines d'hospitalisation et des douleurs chroniques. Cette foule reste silencieuse, beaucoup de ces infections, d'origine nosocomiale, étant contractées à l'hôpital. «La lutte contre la résistance bactérienne ne peut plus se limiter uniquement à l'indispensable évolution vertueuse des prescriptions des professionnels de santé», tranche le Dr Carlet dans son rapport. Aux effets de cette surconsommation tant en médecine humaine qu'animale s'ajoute l'impact de la dispersion dans l'environnement de résidus d'antibiotiques : «L'utilisation immodérée des désinfectants et biocides, y compris par les particuliers, pourrait participer à la sélection croisée des résistances», note le Dr Carlet. D'où sa proposition : faire de la lutte contre l'antibiorésistance une «grande cause nationale» dès 2016.