«Agissons.» C'est par cet appel que François Hollande a conclu son intervention à l'Assemblée générale des Nations unies. A deux mois de la COP 21 sur le climat - où 196 Etats doivent tenter de décrocher un accord universel et contraignant, le Président a multiplié les formules choc. Interrogeant : «L'humanité est-elle capable de prendre la décision de préserver la vie sur la planète ?» Prévenant : «Si ce n'est pas à Paris, ce ne sera pas tard, ce sera trop tard pour le monde.» New York n'aura jamais autant été la scène de belles envolées, la tribune de bonnes intentions, le théâtre d'avertissements avant le chaos. Et jamais Hollande ne s'est autant multiplié sur un sommet vital qui, en cas de succès, rehausserait son bilan. Au Parisien magazine, il dit rêver «d'une révolution climatique». Car, treize ans après la sortie de Jacques Chirac au sommet de la Terre de Johannesbourg («Notre maison brûle et nous regardons ailleurs»), il ne s'agit plus «d'arrêter l'incendie» mais de «reconstruire la maison». Rebâtir les fondations serait plus juste. Car, à en croire un sondage (1), 71 % des jeunes de 16 à 30 ans ne croient pas en un succès de la COP 21, 20 % savent «vaguement de quoi il s'agit» et 13 % le savent précisément. Pire pour l'Elysée, à peine plus d'un sur cinq pense que les Etats sont à la hauteur des enjeux, loin des ONG ou des associations, jugées majoritairement crédibles. Singulier désaveu qui traduit l'impuissance des politiques. La lutte contre le changement climatique a besoin de toutes les énergies. Non fossiles. Y compris, évidemment, celle des convertis de la dernière heure, comme Hollande. Reste à convaincre les chefs d'Etat de l'urgence d'une solidarité obligatoire. Et à mobiliser la jeunesse, lui insuffler de l'espoir. Instiller un vrai désir d'avenir. Pour autant, la jeunesse n'a pas abdiqué : les deux tiers pensent que «nous pouvons encore éviter le pire». Elle n'a pas non plus rangé ses idéaux, sa radicalité et sa critique du système. Ainsi, 39 % des jeunes estiment qu'il faut «forcer les entreprises à diminuer leurs émissions de CO2 sous peine de sanctions», 34 % qu'il faut «changer totalement notre mode de vie et prôner la décroissance». Une véritable révolution climatique, pour le coup.
(1) Sondage réalisé par Odoxa pour les Presses universitaires de France (PUF) auprès d’un échantillon représentatif de 1 001 Français âgés de 15 à 30 ans interrogés en ligne du 7 au 11 septembre.