Qu'est-ce que les Etats sont prêts à faire, chez eux, pour lutter contre le changement climatique ? Ils avaient jusqu'à ce jeudi pour rendre leur copie à moins de deux mois de la COP 21, la conférence climat de Paris. Plus de 145 pays, représentant 85 % des émissions de gaz à effet de serre (GES), ont fourni leurs «contributions nationales». Pour Célia Gautier, du Réseau Action Climat, «c'est comme une salle de classe avec des élèves et nous, on évalue».
Qui est au dernier rang ?
«Ceux qui ont annoncé que la transition énergétique ne serait pas pour tout de suite. La Russie est accro au gaz ; le Canada aux sables bitumineux ; l'Australie au charbon ; le Japon, idem, pour remplacer le nucléaire ; tous oublient les énergies renouvelables. Le pire : la Turquie, qui accueille le G20 en novembre et n'a aucune ambition. Elle envisage même de doubler ses émissions d'ici à 2030. Scandaleux. Il y a 75 nouvelles centrales à charbon en chantier, y compris avec le soutien d'Engie [ex-GDF, ndlr] !»
Et les mous du genou…
«Déjà l’Union européenne, qui se contente - poussée par la Pologne - de diminuer ses émissions de GES de 40 % d’ici 2030. Elle pourrait atteindre 50 % en consacrant 45 % de son énergie aux renouvelables. Les Etats-Unis vont faire plus d’efforts qu’avant, mais ils n’ont rien fait depuis vingt ans… Il faudrait aller bien au-delà, sur les transports, l’agriculture.»
Ceux qui peuvent mieux faire ?
«La Chine, qui s’engage sur tous les secteurs de l’économie. Et a fait une réelle contribution financière pour les pays en développement. Le Brésil aussi est plus ambitieux que prévu, mais se donne quinze ans pour arrêter la déforestation illégale : c’est beaucoup trop. Et sur les grands barrages et la protection des peuples autochtones, il y a peu d’avancées.»
Les premiers de la classe ?
«Les pays les plus vulnérables et les plus touchés. Ils veulent montrer que leur survie est en jeu. Les îles Marshall veulent baisser leurs GES de 45 % d’ici 2030. Le Maroc vise 42 % d’énergie fournie par les renouvelables et a déjà lancé plein de programmes ambitieux sans attendre 2020 et des investissements du Nord. L’Ethiopie vise à réduire ses émissions de 64 % d’ici à 2030 par rapport à la trajectoire actuelle, et s’engage à être neutre en émissions carbone à terme. Le Costa Rica, qui a adopté un plan climat, sans doute le plus ambitieux d’Amérique Latine, sans le conditionner à une aide financière extérieure.»