«C'est une intifada, la troisième intifada.» Ainsi débute l'éditorial de Nahum Barnea, l'une des plumes du quotidien israélien Yediot Aharonot. Au lendemain de l'assassinat au poignard, samedi soir, de deux juifs ultraorthodoxes qui se rendaient au mur des Lamentations, la plupart des commentateurs sont persuadés que la tension qui monte depuis six mois est passée dans une autre dimension.
Vendredi soir à proximité de Naplouse, c'est sans doute la mort d'Eitam et Naama Henkin, deux colons mitraillés dans leur véhicule sous les yeux de leurs quatre enfants, qui a fait comprendre aux Israéliens que les heures sombres du début des années 2000 étaient de retour. Car entre l'assassinat des époux Henkin et le double meurtre endossé par le Jihad islamique, des dizaines d'autres «événements sécuritaires» - selon l'expression utilisée par l'Etat hébreu - se sont produits. «Ce qui se passe actuellement a la couleur et l'odeur d'une intifada mais il n'y a que Benyamin Nétanyahou et ses ministres pour continuer à évoquer une "vague de terreur passagère"», note le chroniqueur Amnon Abramowicz.
Pourtant, sur le terrain, l’Etat hébreu a déjà pris des mesures sécuritaires. Outre le déploiement de 800 policiers à Jérusalem, quatre bataillons ont été envoyés en Cisjordanie. Pour l’heure, ils opèrent à Naplouse et dans les villages voisins, qui sont entièrement bouclés. Dans le même temps, une opération a été lancée dans la banlieue de Ramallah, d’où vient l’auteur de l’attaque de vendredi. Le jeune homme de 19 ans abattu pendant l’attentat a laissé à ses proches un message évoquant la nécessité pour lui de s’engager dans la «troisième intifada».
A quelques dizaines de kilomètres de là, dans le camp de réfugiés de Jénine, des commandos israéliens ont tenté d'interpeller Qaïs al-Saadi, l'un des chefs de la branche armée du Hamas de Cisjordanie, recherché depuis deux ans. Dix-huit Palestiniens ont été blessés et Al-Saadi a publié un communiqué affirmant qu'il se vengerait. Et qu'il frapperait également les services de sécurité de l'Autorité palestinienne, «qui protègent les colons au lieu de défendre le peuple palestinien».
Partout en Cisjordanie, de violents affrontements ont éclaté dimanche. A partir de son avion rentrant des Etats-Unis, Benyamin Nétanyahou a convoqué ses principaux conseillers et les responsables des services de renseignements de l’Etat hébreu. Le cabinet restreint de sécurité se réunira ce lundi soir.