L’Afrique fut le berceau de l’humanité. Est-elle désormais son avenir ? Dans trois décennies, les Africains formeront un quart de la population mondiale. Depuis dix ans, le taux de croissance du continent, au nord comme au sud, est nettement supérieur à celui de l’économie de la planète. Un remarquable effort d’éducation lui a permis de rattraper progressivement dans ce domaine les autres régions du globe.
Héritière d’une riche histoire où se sont succédé les grands empires et les royaumes puissants, elle est sortie peu à peu des confrontations coloniales et postcoloniales, maîtrisant, malgré les convulsions, son indépendance chèrement acquise.
L'abondance d'une main-d'œuvre formée et l'émergence d'une classe moyenne industrieuse, conjuguées avec l'immensité de ses ressources naturelles, lui ouvrent les portes du XXIe siècle. Ouverte sur le monde, dotée d'une jeunesse ambitieuse, progressant vers la stabilité et la modernité, elle est maintenant la terre de l'espoir.
Encore lui faut-il conjurer les survivances du passé. Les guerres ethniques ou religieuses, les conflits politiques qui dégénèrent en guerre civile ou encore les penchants tyranniques de certains de ses gouvernements continuent de handicaper son développement. Or rien n’est possible sans la stabilité et la paix civile, qui supposent non pas un ordre autoritaire, toujours injuste et toujours contesté, mais un consentement éclairé des citoyens et un respect meilleur des droits humains.
Souveraineté des citoyens, parole libre, émancipation de la société civile, recul puis éradication de la corruption et de l’arbitraire, sûreté juridique, inégalité combattue et contenue, permanence des règles et efficacité des administrations publiques : ce sont les conditions de la réussite, qui comptent plus, finalement, que la richesse des sous-sols et l’intensité des échanges commerciaux. Souvent les gouvernements proclament leur volonté d’avancer dans cette direction. Il faut les prendre au mot. Mais c’est aux Africains eux-mêmes, décidés à intervenir sur la scène publique autant que dans le développement de leur pays, d’organiser le progrès auquel ils aspirent. Point d’économie prospère sans vie politique démocratique. La liberté est un bien en soi ; elle est aussi la condition de la réussite économique et sociale.
Depuis 2007, Libération organise dans les villes de France des grands forums citoyens destinés à débattre des affaires publiques. Ces forums sont ouverts, libres et gratuits. Ils rencontrent partout un grand succès parce qu'ils permettent à tous les citoyens intéressés d'écouter et d'interpeller les responsables de tous bords, les experts, les intellectuels ou les journalistes.
Notre journal a décidé d’étendre ces débats d’idées à l’étranger en commençant par le continent africain, en raison des enjeux décisifs qui le traversent. Ces forums obéissent aux mêmes règles, réunies dans la charte qui gouverne depuis l’origine cette activité civique.
Comme toujours, nous travaillons avec des partenaires engagés dans le combat démocratique. Les rencontres de Libreville, au Gabon, sont menées en coopération avec Reporters sans frontières, Transparency International, la Banque mondiale, l’OCDE et le réseau des Défenseurs des droits de l’homme en Afrique centrale. La liste des participants mêle responsables et militants locaux de tous les horizons, représentant la société civile autant que le monde politique, et les experts africains ou internationaux spécialisés dans les questions qui concernent l’Afrique comme les pays du Nord : développement économique, progrès social, avenir de la jeunesse, combat pour l’environnement, lutte pour le pluralisme et les droits humains. Les tribunes des intervenants sont d’ores et déjà disponibles sur notre site ; les discussions seront couvertes en direct par notre rédaction et par une équipe d’étudiants en journalisme issus les écoles et des universités africaines.
Ces forums sont ouverts à tous et l’inscription s’effectue sur le site Libération.fr. Le débat est ouvert.