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élections

Vienne : la gauche gagne son duel contre l'extrême droite

La mobilisation des républicains, dimanche, devrait empêcher le FPÖ de s’emparer de la capitale autrichienne.
Le maire de Vienne, Michael Häupl, ici en 2004, devrait exercer un nouveau mandat dans la capitale autrichienne. (Photo Dieter Nagl. AFP)
publié le 11 octobre 2015 à 19h25

A l’annonce des résultats, les militants du parti social-démocrate autrichien (SPÖ) ont explosé de joie. Regroupés dans leur QG de campagne, ils en ont, pour certains, les larmes aux yeux : la gauche a réussi à remobiliser ses électeurs. Alors que plus de 10 000 migrants sont encore entrés en Autriche ce week-end et que le climat de la peur régnait, elle frôle ce dimanche les 40% aux municipales de Vienne, loin devant l’extrême droite qui réalise, selon les premières estimations à la sortie des urnes, une percée moins importante que prévue, avec – quand même – près de 31% des voix (+5%).

Les derniers sondages donnaient les deux partis au coude à coude. Mais il semble que la perspective de voir le chef du parti FPÖ s’emparer d’un bastion de la gauche – depuis 1945 – a favorisé le vote utile, dans un climat de forte participation : les écologistes perdent des points et la droite tombe sous la barre des 10%, concurrencée par un petit parti libéral qui fera son entrée au conseil municipal.

Coalition avec les écologistes

Bien sûr, l’indéboulonnable social-démocratie viennoise perd encore 5 points. Mais son score vient prouver que si la crise des migrants fait monter les extrêmes, elle resserre aussi les rangs des républicains, qui font désormais bloc. La polarisation de la société viennoise n’a jamais été aussi grande depuis l’avènement de la seconde République. Selon les projections, le maire sortant, Michael Häupl, au pouvoir depuis vingt et un ans dans cette ville de 1,8 millions d’habitants, devrait conserver son mandat et être en mesure de reconduire sa coalition avec les écologistes.

Il reste encore 204 000 bulletins envoyés par correspondance à dépouiller, mais ils sont traditionnellement favorables aux partis de gouvernement. Häupl avait joué la confrontation directe avec l’extrême droite, estimant que Vienne avait les moyens de faire face à l’afflux des migrants, accueillis à bras ouverts depuis le début du mois de septembre au grand dam d’une partie des classes populaires. Et du FPÖ qui voit parmi les plus de 200 000 personnes déjà entrées en Autriche des immigrés clandestins.

Dès l’annonce des résultats, le SPÖ viennois s’est dit conforté dans sa stratégie d’opposition frontale aux partis populistes avec lesquels il refuse de former une coalition. Il entend maintenir son cordon sanitaire et conforter la diffusion des valeurs humanistes en Autriche.