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Libération
Analyse

Hillary Clinton touche le jackpot à Las Vegas

La candidate à la présidentielle 2016 a dominé ses adversaires lors du premier débat télévisé entre démocrates mardi soir. La voilà remise en selle après un départ poussif.
L'ambiance n'était pas franchement hostile entre Bernie Saunders et Hillary Clinton. (Photo Joe Raedle. AFP)
publié le 14 octobre 2015 à 12h18

Grâce notamment à son expérience en la matière − elle a participé à plus de vingt débats lors de sa candidature ratée de 2008 −, Hillary Clinton, 67 ans, a, selon les observateurs, dominé mardi soir la première confrontation télévisée entre candidats démocrates, consolidant sa position de favorite pour décrocher l’investiture en vue de l’élection présidentielle de novembre 2016. Tenace, assurée et détendue, elle s’est montrée à l’aise sur la plupart des sujets, contrairement à son adversaire, le grain de sable «socialiste» Bernie Sanders, qui a de plus choisi une curieuse stratégie.

Refusant d'attaquer l'ancienne First Lady sur son point faible principal, l'affaire des emails − quand, secrétaire d'Etat, elle utilisait pour ses courriels un compte personnel non sécurisé, à l'encontre des directives −, Sanders, 74 ans, a écarté cette polémique attisée par le camp républicain d'un généreux : «Le peuple américain en a marre d'entendre parler de vos fichus emails.» Elle l'a remercié d'une poignée de mains, trop heureuse du cadeau : «Merci ! Moi, aussi, moi aussi !», s'est-elle exclamée.

«Sa domination a été telle que sa plus grande faiblesse [l'affaire des mails] s'est retournée à son avantage», note, incrédule, le New York Times. «Depuis des mois, les républicains étaient pris de vertige à l'idée d'affronter Hillary Clinton. Depuis mardi soir, ils doivent avoir quelques doutes», écrit le site Politico. Où un analyste républicain, Alex Castellanos, remarque que Clinton «était la seule candidate avec une stature de président», ce qui relativise sa performance : si elle a dominé, c'est aussi faute d'adversaires à sa mesure.

Pas une girouette?

Malgré ce bémol, l'horizon se dégage un peu pour Hillary Clinton. Sanders, qui peut la menacer dans les primaires en Iowa et dans le New Hampshire, a pris un coup de mou. Joe Biden, le vice-président âgé de 72 ans qui se tâte toujours pour se lancer, voit que la tâche sera difficile. Les sondages plaçaient déjà Clinton en tête avant le débat sur CNN (à 46% des intentions de vote contre 27% pour Sanders, selon une enquête CBS mardi), et sa performance à Las Vegas devrait consolider son avance. Mais il lui reste une haute marche à gravir : convaincre les Américains. Et là, il y a du boulot.

Car un sondage pour CBS publié dimanche comporte des informations inquiétantes : 61% des votants estiment qu’elle n’est pas digne de confiance et doutent de son honnêteté. 53% ont une opinion défavorable d’elle − le plus haut score de mécontentement à son égard dans le sondage CBS depuis 1992. 48% pensent qu’elle ne se préoccupe pas des gens et de leur vie quotidienne. Elle doit convaincre aussi qu’elle n’est pas une girouette qui fluctue en fonction des sautes d’humeur de l’opinion publique. Et elle n’en a pas fini avec l’affaire des mails, qui va continuer à lui coller aux doigts comme le sparadrap du capitaine Haddock, puisqu’elle doit déposer le 22 octobre devant une commission parlementaire. Mais au moins, après un début de campagne poussif, elle a passé le premier obstacle avec succès, ce qui peut la remettre dans le sens de la marche.