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Libération
Éditorial

Primaires démocrates : elle a ri, Clinton

publié le 14 octobre 2015 à 19h16

Première bonne nouvelle pour Hillary Clinton, 67 ans : selon la plupart des observateurs, elle a dominé mardi soir la première confrontation télévisée entre candidats démocrates, consolidant sa position de favorite pour décrocher l'investiture en vue de l'élection présidentielle de novembre 2016. Tenace, assurée et détendue, elle s'est montrée à l'aise. «Sa domination a été telle que sa plus grande faiblesse [l'affaire des mails (1), ndlr] s'est retournée à son avantage», note, incrédule, le New York Times. Son principal adversaire, le grain de sable «socialiste» Bernie Sanders, avait choisi une curieuse stratégie sur ce principal point faible, en minimisant cette polémique attisée par le camp républicain : «Le peuple américain en a marre d'entendre parler de vos fichus mails.» Elle l'a remercié chaleureusement, trop heureuse du cadeau.

«Depuis des mois, les républicains étaient pris de vertige à l'idée d'affronter Hillary Clinton. Depuis mardi soir, ils doivent avoir quelques doutes», écrit le site Politico. Où un analyste républicain remarque que Clinton «était la seule candidate avec une stature de président», ce qui la conforte mais relativise sa performance : elle a dominé faute d'adversaires à sa mesure. Cela dit, l'horizon se dégage. Sanders a pris un coup de mou. Joe Biden, le vice-président âgé de 72 ans qui se tâte pour se lancer, mesure que la tâche sera difficile. Avant même sa performance lors du débat CNN à Las Vegas, Clinton était déjà en tête (à 46 % des intentions de vote contre 27 % pour Sanders, selon une enquête CBS mardi). Mais pour gagner le gros lot dans un peu plus d'un an, il lui faudra convaincre les Américains. Et là, il y a du boulot.

Selon un sondage CBS publié dimanche, elle n’est pas digne de confiance pour 61 % des votants qui doutent de son honnêteté. 53 % ont une opinion défavorable, 48 % pensent qu’elle ne se préoccupe pas des gens. Hillary Clinton passe pour une girouette qui fluctue en fonction des sautes d’humeur de l’opinion. Les républicains, Trump le ricaneur en tête, vont appuyer sur ces faiblesses, alors que l’affaire des mails lui colle aux doigts comme le sparadrap du capitaine Haddock, puisqu’elle doit déposer le 22 octobre devant une commission parlementaire. Mais au moins, après un début de campagne poussif, elle s’est remise dans le sens de la marche.

(1) Quand elle était secrétaire d’Etat, Clinton utilisait pour envoyer ses mails un compte personnel non sécurisé, à l’encontre des directives.