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Justice

Acquitté, Erri de Luca promet de continuer à s'exprimer

L'écrivain a été reconnu innocent d'incitation au sabotage après ses propos contre le chantier de la ligne ferroviaire entre Lyon et Turin. Huit mois de prison ferme avaient été requis.
Erri de Luca lors de l'audience où a été prononcé son acquittement, lundi à Turin. (Photo Marco Bertorello. AFP)
publié le 19 octobre 2015 à 17h21

Erri de Luca a été acquitté. Au cours du procès qui s'est déroulé à Turin, l'accusation d'«instigation au sabotage» a été rejetée. L'écrivain était poursuivi pour certaines de ses déclarations concernant le projet de train à grande vitesse (TAV) de la ligne Lyon-Turin qui traverse le Val de Suse, objet, depuis plus d'une décennie, de grandes polémiques, et dont l'écrivain avait dit qu'il devait être «saboté». «Je redeviens un citoyen quelconque», a commenté De Luca après la sentence, accueillie dans la salle du tribunal par de nombreux applaudissements, «je descends de l'estrade sur laquelle on m'a hissé malgré moi. Mais je continuerai à utiliser le dictionnaire pour exprimer mes convictions. En tous cas, c'est une bonne nouvelle pour ce pays.»

Alberto Mittone, l'avocat de la partie civile –la société franco-italienne LTF, qui construit la Tav– a quant a lui affirmé qu'il continuait à penser que dans des moments de forte tension sociale –faisant référence aux affrontements de 2013 en Val de Suse entre les forces de l'ordre et les adversaires du projet– il doit y avoir «des limites à respecter», à plus forte raison de la part d'un intellectuel «dont les paroles peuvent toucher de nombreuses personnes». L'éventualité que l'écrivain puisse faire huit mois de prison ferme pour de simples déclarations avait suscité une large mobilisation en sa faveur et en défense de la liberté d'expression, bien au-delà du monde de la culture. «La question du Val de Suse demeure une question qui me concerne. De ce procès, je garde la solidarité de toutes les personnes qui m'ont soutenu, en Italie et en France […] J'ai lu dans les journaux que Hollande aurait téléphoné à Renzi, mais je ne crois pas que cela ait influencé la sentence». A la fin de ce procès, Erri de Luca continue à affirmer ce qu'il affirmait avant qu'il ne s'ouvre, quant le risque d'aller en prison était réel, à savoir la conviction que «la soi-disant grande vitesse doit être contrecarrée, empêchée et sabotée, par légitime défense du sol, de l'air et de l'eau».