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Libération

Etranges défaillances turques dans la lutte contre l’EI

publié le 19 octobre 2015 à 20h26

Les défaillances de la police et des services de sécurité pour prévenir le double attentat suicide d'Ankara, qui a fait au moins 102 morts le 10 octobre, apparaissent jour après jour dans toute leur évidence. «J'ai déposé une plainte à la police. Je leur avais dit d'arrêter et de mettre en prison mon fils. Ils l'ont interrogé et puis ils l'ont laissé libre. Et lui, il est reparti en Syrie», s'indignait le père d'Omer Deniz Dündar, présumé deuxième kamikaze. «Il est parti pour la Syrie en 2013. Il est revenu un an après. Il est resté huit mois dans notre ville d'Adiyaman. C'est à ce moment-là que j'avais déposé la plainte mais la police ne l'a pas prise au sérieux», a ajouté le père, expliquant avoir compris que son fils avait des relations avec l'Etat islamique (EI) et qu'il voulait ainsi le sauver «de cette organisation d'assassins». Tout en dénonçant l'incroyable laxisme des forces de sécurité, le vieil homme est désormais convaincu que son fils n'est pas le second kamikaze. Il y aurait eu une erreur dans les tests ADN : «Son frère a envoyé un message sur Facebook affirmant que lui et Omer Denyz vont bien», a-t-il assuré. Tous les fils de l'enquête sur ce double attentat, le plus grave de l'histoire de la Turquie républicaine, n'en remontent pas moins à la ville d'Adiyaman, à 150 kilomètres de la frontière syrienne, d'où sont partis au moins 300 jeunes, la plupart étant des Kurdes islamistes radicalisés, pour combattre en Syrie.

C'est de là aussi qu'est originaire Seyh Abdurrahman Alagöz, l'auteur de l'attentat suicide de Suruç qui a fait 35 morts le 20 juillet en ciblant une manifestation de militants kurdes et de gauche. Son frère aîné, Yunus Emre Alagöz, a été formellement identifié par les analyses ADN comme étant l'autre kamikaze d'Ankara. Son père comme celui d'Omer Deniz Dündar avait alerté la police d'Adiyaman pour dénoncer son fils, trois mois avant l'attentat de Suruc :«Ils n'ont rien fait, alors que je leur ai bien expliqué que mes fils avaient des rapports avec l'EI.»

Le gouvernement a imposé le black-out sur les informations concernant l'attentat d'Ankara. Mais plusieurs journaux, comme Radikal (centre gauche) ou Cumhuriyet, ainsi que le site indépendant Dikmen,publient des témoignages accablants sur l'attitude de la police, des responsables de la sécurité et des services de renseignement (MIT).

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