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Libération

Au Canada, Justin Trudeau met fin à l’ère Harper

Le parti libéral du fils de l'ancien Premier ministre Pierre Elliott Trudeau a remporté hier les législatives. Au grand dam des conservateurs de Stephen Harper.
Justin Trudeau prononce son discours de victoire, lundi soir à Montréal, au Québec. (Photo Chris Wattie. Reuters)
par Victoria KOUSSA
publié le 20 octobre 2015 à 12h21

En 78 jours, Justin Trudeau a remporté son pari : convaincre les Canadiens de voter pour le changement. Le parti libéral (PLC) qu'il dirige seulement depuis deux ans a obtenu hier 184 des 338 sièges du prochain Parlement. Le Parti conservateur (PCC) de Stephen Harper est, quant à lui, réduit à peau de chagrin. Un vote sanction contre le Premier ministre sortant, qui a démissionné dans la foulée de la tête du PCC.

Une forte mobilisation

Conforté par ses précédentes victoires, Stephen Harper espérait obtenir un quatrième mandat. Mais les électeurs en ont décidé autrement. Pendant plus de deux mois, le chef des conservateurs faisait campagne seul et méprisait l'un de ses adversaires, le «jeune» et «inexpérimenté» Justin Trudeau, particulièrement sous-estimé. Orientant sa campagne autour de son image, Stephen Harper a fait de cette élection un «référendum sur sa personnalité», selon le politologue Frédéric Boilu, interrogé par l'AFP. Et les Canadiens y ont répondu négativement. Lundi 19 octobre, le résultat des législatives a mis fin à la décennie Harper. Les conservateurs ne seront plus que la deuxième force politique du pays, avec 99 sièges obtenus. Le taux de participation de ces élections vient aussi confirmer la thèse d'un vote sanction à l'encontre du Premier ministre conservateur : 68% des Canadiens ont voté cette année contre 61% il y a quatre ans. «Il y a eu un vote stratégique qui a fonctionné et qui a eu un effet positif pour Trudeau», affirme un spécialiste de la politique canadienne, François Pétry, à l'AFP.

La figure du changement

«Les Canadiens ont envoyé un message clair ce soir : il est l'heure du changement», a affirmé Justin Trudeau après avoir remporté la majorité absolue des sièges de députés à la Chambre des communes hier. Le père de famille, âgé de 43 ans, incarne cette nouvelle image que les Canadiens veulent donner à leur pays. Un pays mis de côté sur la scène politique internationale depuis une décennie. Le fils de Pierre Elliott Trudeau, Premier ministre libéral de 1968 à 1979 puis à nouveau de 1980 à 1984, veut changer la donne. Preuve en est, Justin Trudeau se positionne sur la question des réfugiés en Méditerranée : il promet d'accueillir 25 000 Syriens avant la fin de l'année. Il affirme également vouloir mettre fin aux frappes aériennes contre Daesh. Au niveau national, Justin Trudeau compte taxer les plus riches pour baisser les impôts de la classe moyenne, une catégorie sociale particulièrement choyée par le chef des libéraux. Favoriser et protéger la diversité propre au Canada est aussi l'une de ses directives. Le fils Trudeau promet de ne «jamais diviser les Canadiens». Un vrai contraste avec le conservateur Stephen Harper, souvent accusé d'amplifier les discriminations.