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Libération
Éditorial

Ben Carson et Donald Trump, même combat

Ben Carson. (Photo DR)
publié le 27 octobre 2015 à 18h46

La campagne républicaine pour la présidentielle de 2016 n'a pas fini de nous surprendre. Ou de nous effarer, c'est selon. Quand on pense avoir tout vu, tout entendu, un nouveau sondage ou un nouveau dérapage nous donne tort. Cette fois, c'est une enquête d'opinion réalisée pour le New York Times et la chaîne CBS News qui jette un nouveau pavé dans la mare conservatrice. Pour la première fois au niveau national, Ben Carson dépasse Donald Trump et prend la tête du peloton républicain, avec 26 % des intentions de vote. A première vue, cet ancien neurochirurgien de 64 ans apparaît comme l'antithèse de l'extravagant Donald Trump.

A première vue seulement. Ses manières de gentleman, son ton posé et calme - soporifique diront certains - tranchent avec la furia du magnat de l’immobilier. Pour le reste, les deux hommes, sur lesquels personne n’aurait parié il y a quelques mois, ont beaucoup en commun, à commencer par une absence totale de tabou et de frontière rhétorique.

Dans ses prises de parole, et sur des sujets radicalement différents, Ben Carson a généralement recours à deux métaphores historiques : l'Allemagne nazie et l'esclavage. La réforme de la santé d'Obama ? «La pire chose depuis l'esclavage» , dit le brillant médecin, élevé par une mère célibataire dans le Détroit violent des années 60. Interrogé sur la récente fusillade dans une université de l'Oregon, il rétorque que les Juifs, s'ils avaient été armés, auraient eu «une plus grande chance» de résister à Hitler. Fermement opposé à l'avortement, y compris en cas de viol ou d'inceste, il a récemment comparé, dans une métaphore sibylline, les femmes qui veulent interrompre leur grossesse aux ex-propriétaires d'esclaves.

Pour les électeurs démocrates, et une partie des républicains, les déclarations de Ben Carson font froid dans le dos. Lui n’en a cure car, à l’image d’une Sarah Palin en 2008, il s’adresse avant tout aux ultraconservateurs américains. Ceux qui portent des armes, vénèrent Dieu et la Constitution et honnissent Barack Obama par-dessus tout.

Les experts politiques le martèlent : Ben Carson comme Donald Trump finiront par s’effondrer, au profit de candidats plus traditionnels comme Marco Rubio ou Jeb Bush. D’ici là, les propos nauséabonds sur l’immigration, l’avortement ou les armes vont continuer d’animer la campagne républicaine. A commencer par le débat télévisé de ce mercredi soir.