«Le nationalisme, c'est la guerre !» Prononcé en janvier 1995, ce fut l'un des derniers messages d'un François Mitterrand sur le départ, qui savait de quoi il parlait, lui qui avait bien connu l'un et l'autre. Les dirigeants allemands d'aujourd'hui, au plus haut niveau, ne sont pas loin de lancer le même avertissement, tant la montée des partis intolérants de l'Atlantique à l'Oural prend un tour effrayant. Ils parlent de conflit, non de guerre : nous sommes loin de tout affrontement armé tant que l'Union vit. Mais les responsables d'aujourd'hui préparent le monde de demain. Ils doivent donc entendre l'alarme venue de la République fédérale et qui retentit dans toute l'Europe. L'Europe, justement : à moins de vouloir une France barbelée, il n'est pas d'autre instance où l'on puisse régler la crise des réfugiés, qui favorise toutes les peurs. Assumer l'accueil, indiquer les moyens concrets de le maîtriser et de l'organiser : il n'est pas d'autre politique possible, sauf à préconiser la fermeture totale ou à jouer de manière désinvolte avec la chimère d'une totale ouverture. Angela Merkel montre en l'espèce le bon exemple : pousser les négociations susceptibles de mettre fin au cauchemar syrien, financer l'amélioration des conditions de vie dans les campements de transit, harmoniser les conditions d'asile, unifier les prestations destinées aux migrants pour équilibrer les flux, fixer des limites claires, instaurer une taxe communautaire pour financer cette politique. Il n'est d'autre issue dans cette épreuve historique que d'allier humanité et réalisme. Sans la première, nous foulons aux pieds nos propres valeurs. Sans le second, nous favorisons le nationalisme.
Dans la même rubrique