Un Palestinien a été tué et un autre blessé lundi «après avoir tenté de poignarder des soldats israéliens» en faction devant le point de passage de Gilboa, séparant la région de Jénine (Cisjordanie) de l'Etat hébreu. La scène n'ayant eu d'autres témoins que les militaires, toute information relative à cette affaire provient de l'armée. Comme dans la plupart des autres cas. Depuis le 1er octobre, date du déclenchement de l'«intifada des couteaux», 10 Israéliens ont été tués lors d'attaques à l'arme blanche et 69 Palestiniens ont perdu la vie parce qu'ils assaillaient des militaires et des civils, tentaient de le faire ou étaient soupçonnés de vouloir passer à l'action. Ces exécutions extrajudiciaires étaient-elles justifiées ? Les soldats n'ont-ils pas tendance à presser un peu trop rapidement sur la détente et à voir un «terroriste» dans chaque Palestinien ?
Après la mort d'Adil al-Hachlamoun, jeune femme de 18 ans entièrement voilée, abattue le 22 septembre par trois soldats alors qu'elle refusait de se soumettre à un contrôle, une commission d'enquête de l'armée a conclu que les soldats «ont agi comme il le fallait», puisque la femme portait un poignard et qu'elle a refusé de le laisser tomber. Mais le même rapport estime que les soldats n'étaient pas obligés de la tuer. Qu'ils auraient très bien pu la neutraliser en lui tirant quelques balles dans le bas du corps. Une technique utilisée quinze jours plus tard lorsque Asra'a Abed, 30 ans, a été cernée dans la gare d'autobus d'Afoula avec un couteau à la main.
Les soldats en faction à Hébron le 22 septembre ne seront pas sanctionnés, mais les autres sont priés d'être moins prompts à ouvrir le feu. La justice militaire enquête sur plusieurs autres morts suspectes de Palestiniens soupçonnés, à tort ou à raison, d'être des poignardeurs, ainsi que sur des comportements extrêmes de militaires. Ces investigations permettent notamment de couper l'herbe sous le pied de l'Autorité palestinienne, qui menace de «porter ces crimes à la connaissance de la Cour pénale internationale» . Dimanche, cinq soldats ont ainsi été mis en examen par le tribunal militaire de Jaffa pour avoir battu et torturé des Palestiniens près de Gilboa. L'un des inculpés aurait même «travaillé» un Palestinien à l'électricité pour le faire parler, tout en filmant la scène. Selon l'acte d'accusation, il a recommencé quelques jours plus tard avec un autre «suspect» qui n'avait rien de plus à se reprocher que le précédent.