A Séoul aussi, il sera question de climat pour François Hollande, qui y a atterri mardi soir et doit prendre part à une table ronde au côté de Lee Hoesung, élu le 6 octobre à la tête du Giec. Une victoire de plus pour la Corée du Sud, qui a prouvé qu’elle avait sa place parmi les grands depuis l’élection de Ban Ki-moon à l’ONU et l’accueil du G20 en 2010. Séoul a su mettre en branle une machine diplomatique efficace derrière son poulain, économiste de formation, conseiller politique et ex-vice-président du Giec. Une délégation a parcouru un an durant 23 pays pour les convaincre que Lee Hoesung était le meilleur médiateur entre le Nord et le Sud. Un argument qui a fait mouche.
Pour expliquer la large avance du Coréen sur le Belge Jean-Pascal Van Ypersele et le Suisse Thomas Stocker, on analyse en coulisses «qu'il était de facto le seul représentant d'un pays émergent». C'est bien là le cœur de la stratégie de Séoul : la 13e puissance économique mondiale, qui affiche le 15e meilleur indice de développement humain, se range du côté des pays en développement au sein du protocole de Kyoto, et échappe donc aux obligations de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre pour 2020, alors qu'elle les a vues doubler entre 1990 et 2010. Si la Corée est certes le premier pays d'Asie à avoir mis en place un marché national du carbone en janvier, de plus en plus de voix s'élèvent pour déplorer la dichotomie entre son discours et ses engagements réels. «Les émissions de CO2 par habitant sont environ deux fois plus importantes qu'en Chine et près de dix fois plus qu'en Inde. Malgré son leadership sur les questions climatiques, la Corée du Sud n'a pas réussi à prouver son engagement par des actes», résume ainsi Rakesh Kamal, du Centre pour la science et l'environnement de New Delhi.