Après un détour par la Cisjordanie - plus particulièrement vers Hébron -, «l’intifada des couteaux» revient au cœur d’Israël, suscitant des réactions exacerbées.
Lundi, les habitants de Rishon LeTzion, une ville de la grande banlieue de Tel-Aviv, ont ainsi tenté de lyncher en pleine rue un jeune Palestinien originaire d'Hébron qui venait de poignarder trois personnes, dont une femme âgée de 80 ans. «Mavet learavim !» (mort aux Arabes) et «Nekama !» (vengeance) hurlait la foule surexcitée qui encerclait une droguerie où le terroriste avait été repoussé. Une cinquantaine de policiers ont dû batailler durement pour éviter que le poignardeur ne soit achevé au sol. «Les gens étaient démontés, raconte l'officier de police Michael Pinkas, qui a passé les menottes au Palestinien. C'était tellement violent que j'ai cru y passer également. Les gens me frappaient au visage comme si j'avais été le complice du terroriste alors que je venais l'arrêter.»
Quelques heures plus tard, nouveau lynchage, à Natanya, la plus grande ville francophone d'Israël. Cette fois, un Palestinien de Tulkarem (Cisjordanie) a été coincé par la foule dans l'entrée d'un immeuble après avoir poignardé dans le dos un nouvel émigrant français âgé de 71 ans, qui est grièvement blessé. Un petit groupe portant la kippa et se revendiquant de Meïr Kahana, un extrémiste de droite assassiné en 1990 à New York, donnait le tempo, criant «tuez cet Arabe de merde !» Venus en force, les policiers ont également dû jouer de la matraque pour exfiltrer le Palestinien. Dans la foulée, ils ont d'ailleurs arrêté un Israélien qui les frappait. Le bruit ayant couru que le poignardeur n'était pas seul, la foule s'en est alors prise à cet excité en pensant qu'il était un terroriste. Qu'il a également fallu dégager en Jeep blindée.