Alors que même le Hamas et le Jihad islamique ont condamné, samedi, les attentats parisiens, Bachar al-Assad a eu, lui, le mérite de la franchise : pour le président syrien, «les politiques erronées adoptées [au Proche-Orient, ndlr] par les pays occidentaux, notamment la France, ont contribué à l'expansion du terrorisme». Pour Al-Assad, qui recevait samedi une délégation française dirigée par le député Thierry Mariani (LR), les attaques de Paris «ne peuvent pas être dissociées de ce qui s'est produit dernièrement à Beyrouth [l'attentat de jeudi contre un fief du Hezbollah, 44 morts], ni de ce qui se passe depuis cinq ans en Syrie». Puis il a enfoncé le clou : «La France a connu [vendredi] ce que nous vivons en Syrie depuis cinq ans.» Et sur Europe 1, il a ajouté : «Nous sommes prêts à combattre le terrorisme avec ceux qui le veulent vraiment et jusqu'ici, le gouvernement français n'est pas sérieux.»
Mis à part cette critique, la planète a soutenu Paris. New York, Toronto, Sydney, Oslo, Barcelone, Tokyo, Rio, Montréal, Mexico, Madrid et Kiev, entre autres, ont organisé des actions de solidarité. «Nous pleurons avec vous», a dit la chancelière allemande, Angela Merkel. «Les terroristes ne vaincront pas», a affirmé le Premier ministre italien, Matteo Renzi. «Nous sommes tous la France», a proclamé le Premier ministre espagnol, Mariano Rajoy, pendant que le roi d'Espagne écrivait, onze ans après les attaques islamistes de 2004 à Madrid qui avaient fait 191 morts : «La douleur de la France est la douleur de l'Espagne.»Barack Obama, lui, a évoqué «une attaque contre toute l'humanité et nos valeurs universelles».
Même condamnation côté iranien : le président Hassan Rohani, qui devait arriver lundi à Paris, a reporté son voyage en Europe, parlant de «crimes contre l'humanité». Le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, a usé d'une métaphore similaire. En Egypte, Ahmed al-Tayeb, imam de la mosquée Al-Azhar, la plus haute institution de l'islam sunnite, a appelé «le monde entier à s'unir pour faire face à ce monstre» du terrorisme. En Arabie Saoudite, le Comité des grands oulémas a jugé les attentats «contraires à l'islam» - et accusé la Syrie d'être le parrain de l'Etat islamique, qui les a revendiqués samedi. L'Afghanistan est solidaire, a dit son président, Ashraf Ghani : «L'Afghanistan, plus que quiconque, est depuis longtemps victime du terrorisme et comprend le chagrin et la douleur du peuple français.»
Mais au-delà des manifestations de sympathie, il y a les craintes - et les récupérations. Les Belges, qui comptent au moins deux victimes, sont priés par leurs autorités de ne pas venir à Paris. Et les conservateurs polonais, vainqueurs des récentes élections, en profitent pour rejeter les migrants : «Après les événements tragiques à Paris, nous ne voyons pas la possibilité politique de respecter» les accords européens de relocalisation de réfugiés, a déclaré samedi Konrad Szymanski, futur responsable aux Affaires européennes. Pour lui, ces attentats sont liés «directement» à la crise migratoire. En retour, Berlin a prévenu qu'il ne fallait justement pas faire ce lien. Mais Witold Waszczykowski, futur ministre polonais des Affaires étrangères, a insisté : il faut «approcher de manière différente la communauté musulmane qui vit en Europe et qui hait ce continent, qui veut le détruire».