«De l'excellence sans ostentation.» C'est ainsi que Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères et président de la conférence climat de Paris (COP 21), a évoqué, au détour d'une présentation, le déjeuner de ce lundi concocté par cinq chefs français. Y sont conviés les 150 chefs d'Etat et de gouvernement présents pour l'ouverture officielle de l'événement au Bourget (Seine-Saint-Denis). «La diplomatie n'exclut pas la convivialité», a insisté le ministre.
Certes. Mais la convivialité a connu d'emblée un léger accroc dimanche soir, lors de l'ouverture anticipée du sommet. A 17 heures, passé la minute de silence en hommage aux victimes des attentats du 13 Novembre, un grand nombre de délégués n'ont pu trouver place, les 1 300 sièges de l'enceinte ayant déjà été pris d'assaut. La plus grande salle, «la Seine» (1 900 places), était réservée : s'y exprimeront ce lundi les chefs d'Etat et de gouvernement. Des chefs de délégation ont ainsi poireauté de l'autre côté des barrières de sécurité, et le siège du Venezuela a failli rester vide. «C'est un gros problème, on espère que ce sera vite réglé», a embrayé sa représentante.
Quelques minutes avant d'inaugurer la séquence protocolaire, Laurent Fabius se disait «d'un optimisme vigilant et actif» sur l'issue de la COP. Il va devoir en faire bon usage, surtout devant l'hypersensibilité tatillonne des acteurs de cette arène onusienne. «Nous devons décider ensemble de la façon dont nous allons vivre sur cette planète», a-t-il dit aux délégués. Prévenant d'emblée : «Je comprends le réflexe d'attendre que l'autre fasse le premier pas, mais il faudra faire des compromis.» Le brouillon du futur accord de Paris fourmille encore de questions essentielles non tranchées. Une cinquantaine, convient Fabius devant la presse : «Il faut réduire le maximum de points pour ne laisser, la semaine prochaine, que ceux qui nécessitent un arbitrage politique.» Parmi les points d'achoppement : les finances avant et après 2020, le pourcentage à y consacrer pour l'adaptation aux changements climatiques, quel cycle de réexamen des ambitions…
L'un des deux présidents chargés de la rédaction de l'accord, l'Algérien Ahmed Djoghlaf, le promet : «On sera au rendez-vous samedi midi pour vous transmettre un texte concis, précis, dont les négociateurs seront fiers.» Et ce en toute transparence, a rêvé à voix haute un délégué des Tuvalu : «Si nous sauvons Tuvalu, nous sauvons le monde entier.»