Pendant la campagne, Roch Marc Christian Kaboré, 58 ans, a martelé qu'il ferait «un coup KO». Pari réussi : dimanche, au premier tour, le candidat du MPP (Mouvement du peuple pour le progrès) a rassemblé 53,49 % des voix. Son principal rival, Zéphirin Diabré, est à 29,65 %, le suivant à 3,09 %. C'est seulement dans la nuit de lundi à mardi, à 00 h 10, que les résultats ont été officialisés. Kaboré s'est alors empressé de sortir devant son siège de campagne. Calme, comme à son habitude, il a pris la parole pour féliciter les autorités de la transition et appeler à «se mettre au travail immédiatement». Pas le temps de faire la fête. Depuis le coup d'Etat manqué du 16 septembre, le pays est sous couvre-feu. L'allocution de Kaboré terminée, les militants se sont aussitôt dispersés dans un concert de klaxons.

Lundi, au siège de l'UPC (Union pour le changement) de Diabré, chef de file de l'opposition, la déconfiture était difficile à déglutir : «Les chefs du MPP sont des grands manipulateurs, ils étaient avec Blaise Compaoré. C'est la continuité du régime, ils sont partis avec l'âme du CDP [le parti de Compaoré, ndlr]». Une critique récurrente faite à Kaboré. Ex-Premier ministre, ex-président du CDP et ex-président de l'Assemblée nationale, celui-ci a rompu avec le régime seulement dix mois avant que Compaoré ne soit renversé par une insurrection populaire, et est parti avec deux barons former le MPP. Ce qui fait dire à ses détracteurs que c'est un opportuniste, et aux fidèles de «Blaise» que c'est un traître qui les a poignardés dans le dos. P.Nk. Photo aFP