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COP21

Climat : au CentQuatre, «les tas d'urgences»

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La salle parisienne accueille la mobilisation citoyenne Zone d’action pour le climat.
Le CentQuatre, à Paris. (Photo Boris Horvat. AFP)
publié le 7 décembre 2015 à 17h22

Sous une grande bannière «Climat : à qui profite le chaos. Changeons le système, pas le climat», l'atelier affiches-action battait son plein lundi au CentQuatre, à Paris, au premier jour de la Zone d'action pour le climat (ZAC). Celle-ci marque le troisième temps fort de la mobilisation citoyenne pour le climat, après la grande marche du 29 novembre – reconvertie en chaîne humaine du fait de son interdiction post-attentats – et le Sommet citoyen pour le climat qui a rassemblé 27 000 personnes à Montreuil le week-end dernier. Jusqu'au 11 décembre, cette ZAC sera le quartier général de la Coalition Climat 21, un regroupement de plus de 130 organisations de la société civile. Sur fond, donc, d'agenda bousculé par l'Etat d'urgence.

«Assignation à résistance»

Lundi midi, les militants de la Coalition réfléchissaient encore aux suites à donner aux actions de masse prévues pour le 12 décembre et désormais interdites – elles doivent constituer le quatrième temps fort de la mobilisation –. Avant de les annoncer le soir même, au CentQuatre. Au menu du 12 décembre, donc, un rassemblement dans un stade du sud de Paris -a priori Charlety- , une "action de géolicalisation" (des petits groupes se répartiront dans la capitale pour "écrire un message de justice climatique et de paix en se géolocalisant"), une action autour de la notion de "lignes rouges" (celles qui définissent les limites à ne pas dépasser si nous voulons une planète juste et vivable) et enfin un rassemblement dans l'espace public "pour dire qu'on n'accepte pas que l'Etat nous interdise de nous rassembler alors qu'il autorise les rassemblements commerciaux".

De fait, ce "deux poids deux mesures" ne passe pas, chez les militants du climat. Parmi les slogans peints de couleurs vives à l'atelier-affiches de la ZAC, lundi, on trouvait celui-ci : «Etat d'urgence climatique : assignation à résistance.» Avec sa variante : «Les tas d'urgences.» «A l'origine, la ZAC du CentQuatre avait vocation à accélérer le rythme des mobilisations pendant la COP, à organiser des actions de rues, etc., rappelle Juliette Rousseau, l'énergique porte-parole de la Coalition Climat 21. Comme ces actions ont été annulées, on a un peu revu le format, notamment pour les AG du soir.»

Apogée des journées au CentQuatre, chaque fin d'après-midi, une assemblée générale fait le point sur l'état des négociations de la COP21, au Bourget. Après un «focus» d'une heure sur un thème précis. Ce lundi, il s'agissait de faire le lien entre «Guerre, climat et lutte antiterroriste». Mardi, il sera question des «solutions (les fausses et les vraies)», avec Nicolas Hulot, mais aussi Kumi Naidoo, Jean-François Julliard et Sarah Fayolle de Greenpeace ou encore Cécile Marchand et Jon Palais d'Alternatiba. Mercredi, on causera «souveraineté alimentaire et luttes paysannes». Jeudi, «capitalisme contre climat», avec la canadienne Naomi Klein.

200 activités

«Nous attendons jusqu'à 2 000 personnes lors de ces rendez-vous du soir, espère Sabrina Caron, de l'association Les Petits débrouillards -mission accomplie pour l'AG de lundi soir-. En matinée, ce sera plus calme, d'autant que nous ne pouvons plus accueillir de scolaires, comme c'était prévu. Du coup, les activités pour enfants ont été décalées au mercredi après-midi.» 

Conçue aussi et sourtout comme un «lieu d’information» gratuit et ouvert à tous, la ZAC du CentQuatre propose près de 200 activités en tout : expositions artistiques, projections, ateliers, espaces de formation à l'action non violente, cours de yoga ou débats.

«Il faut rêver puissamment ! Si notre rêve est assez puissant, il peut devenir réalité !», lançait lundi midi un quinquagénaire dans l'assistance face au philosophe Patrick Viveret. Au même moment, un étage plus bas, l'association NégaWatt faisait le plein avec une conférence sur «la transition énergétique vers la sobriété, l'efficacité et les énergies renouvelables». Juste à côté de l'exposition «ImmerCité» ou de celle des makers et eco-hackers de POC21 et OuiShare. Et juste avant l'émission en direct du réseau Radio campus, Good Cop, Bad Cop21, qui entend chaque jour «faire parler la COP21, autrement», entre 13 heures et 15 heures. «On peut se fixer un objectif pour cette COP21, faire perdre 20% au FN et 2°C au climat», rêvait puissamment l'animateur en introduction...