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A la COP21, Sean Paul sort les rames

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Récit d'une conférence de presse vaguement gênante au Bourget, avec un ambassadeur musical à côté de ses pompes.
Sean Paul à la COP21 au Bourget, le 10 décembre. (Photo Laurent Troude pour Libération)
publié le 10 décembre 2015 à 17h46

La place de la République a eu Madonna, la COP21 au Bourget a Sean Paul. Le chanteur de dancehall a participé à une conférence de presse ce jeudi, pour la promotion de Love Song to the Earth («chanson d'amour à la planète»), un morceau plutôt guimauve initié par Paul McCartney et réunissant les habituels chanteurs humanitaires Jon Bon Jovi ou Fergie, ou encore Sheryl Crow, et qu'il doit chanter le soir-même lors d'une remise de prix, les «Momentum for Change Awards».

Nonchalant, lunettes noires vissées sur le nez, le Jamaïcain a offert un beau moment de gêne à l'assemblée, en étant incapable de répondre à la moindre question des journalistes. Pourquoi s'est-il engagé dans cette cause ? Tentive de réponse du chanteur : «La pollution nous affecte. Nous avons beaucoup d'athlètes, et ils doivent s'entraîner dans le smog. Je veux donner de la voix, je pense que c'est important. J'ai vu des choses assez cool comme comment nettoyer l'eau. C'est pour ça que je suis là, mec.» Pense-t-il vraiment que cette chanson peut changer le monde ? «Nous avons la capacité de créer, de changer les choses.» Certes, mais est-il prêt à s'engager davantage ? demande une journaliste sud-africaine. «Bien sûr. Cette chanson est bonne pour provoquer des émotions, pour provoquer la paix et réunir les gens.»

Silence poli dans la salle. Quelqu'un finit par relancer : Sean Paul pense-t-il que l'objectif, largement commenté depuis deux semaines, de contenir le réchauffement climatique au-dessous de 1,5 degrés, et non 2, serait une bonne chose ? «Hum, je ne suis pas sûr de [connaître] ce défi, il faudrait que je regarde.» Le coup de grâce vient après une question sur l'impact de l'urbanisation sur le changement climatique : «Euh, oui, ma musique est plutôt urbaine, pop… euh… quelle était votre question ?» On se penche à son oreille pour lui expliquer. «Euh, oui, je peux être influent, donner l'exemple.» Pitié, que quelqu'un lui donne de numéro de Leonardo DiCaprio, il paraît qu'il donne des cours d'écologie accélérés pour célébrités.