Laurent Fabius a indiqué vendredi que l’accord tant attendu ne pourra être scellé que samedi matin. En ce dernier jour officiel de la COP 21, les défenseurs du climat redoublent donc d’efforts pour convaincre les négociateurs. La dernière version, présentée jeudi soir, ne convainc pas Sylvain Angerand, coordinateur de campagne chez les Amis de la Terre.
Que vous inspire la dernière version, toujours provisoire ?
Je m’inquiète. Il n’y a rien visant à laisser les énergies fossiles dans le sol. Rien non plus permettant de réduire concrètement les émissions de gaz à effet de serre dès l’an prochain. C’est donc se foutre de nous que de brandir l’objectif de 1,5 ou 2 degrés. Aujourd’hui, personne ne peut dire que ces limites suffiront. Mais rester sur l’objectif de 1,5 degré permet de minimiser les risques. C’est pour ça qu’on le réclame depuis des années. Il s’agit de ne pas franchir le seuil d’emballement climatique, car à un moment, on ne contrôlera plus la machine. C’est vraisemblablement dans les dix prochaines années que ça se joue. Ensuite, les impacts seront impossibles à gérer pour les pays vulnérables. Deux degrés de réchauffement, ça signifie clairement que des zones deviendront inhabitables, qu’il y aura d’importantes vagues de migration, que l’insécurité alimentaire s’aggravera… On pousse donc pour que chaque pays fasse sa part.
L’économie peut-elle être adaptée pour faire face au péril climatique ?
Oui. On peut basculer sur une réorganisation totale de type économie de guerre. Renault a bien transformé ses chaînes de production pour fabriquer des armes en quelques années, et l’essentiel du parc nucléaire a été construit en moins de dix ans. Ce qui nous scandalise, c’est le décalage total entre la prise de conscience et ce qu’il faudrait faire : revoir les modèles agricole, industriel, énergétique… Surtout qu’il n’y a rien à inventer, les solutions existent. On voit d’ailleurs que ça commence à bouger avec l’augmentation du nombre d’Amap (Associations pour le maintien de l’agriculture paysanne), l’arrivée du bio dans les cantines scolaires ou l’explosion du covoiturage. Mais comment accélérer ça ?
Vous appelez la société civile à se mobiliser samedi. Qu’en espérez-vous ?
Samedi, on ne sera pas là pour s’amuser. Ça fait vingt ans que les négociations n’avancent pas. On veut avoir le mot de la fin.