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Libération
Pépettes

La COP21 bute sur la finance

COP21dossier
A quelques heures de l'adoption espérée de l'Accord de Paris, la discussion se crispe.
Lundi matin, lors de l'ouverture de la deuxième phase des négociations de la COP21 au Bourget. (Photo Denis Allard. REA pour Liberation)
publié le 11 décembre 2015 à 22h15

La présidence française a filé la métaphore sportive toute la semaine. «Un marathon», comparait jeudi le ministre des Affaires étrangères et président de la COP21 Laurent Fabius, où «les derniers mètres sont souvent les plus difficiles». A quelques foulées de la ligne d'arrivée, donc, la sortie de l'Accord de Paris, qui vise à contenir le réchauffement climatique sous les 2°C par rapport à l'ère préindustrielle, est retardée. Attendu à 18 heures ce vendredi soir, l'accord devrait finalement être mis sur la table samedi matin. Au plus tôt.

En début de soirée, le chef de la diplomatie française a fait une très courte déclaration à la presse qui visait, semble-t-il, à mettre la pression sur les négociateurs. «Le texte final sera présenté demain à 9 heures, a-t-il répété. Toutes les conditions sont réunies pour obtenir un accord universel ambitieux». Vendredi après-midi, il a écouté de nombreuses parties lors de réunions bilatérales, pour «procéder aux derniers ajustements». «Il faut savoir terminer une négociation», a-t-il indiqué, l'air de rien.

Car il fallait aussi lire entre les lignes, quand le président de la COP21 en a appelé à «l'esprit de compromis» : «Si chacun exige 100%, finalement chacun obtient 0%». Quelques mètres plus loin, la présidente du G77+Chine Nozipho Mxakato-Diseko, la coalition qui réunit 134 pays en développement, fulmine : «Le groupe de l'ombrelle [Etats-Unis, Canada, Australie, Japon…, ndlr] s'arc-boute sur la question du financement : ils refusent de s'engager, alors qu'une fois que cette question est réglée, tout est réglé», lâche-t-elle. L'ambassadrice sud-africaine fait référence aux 100 milliards de dollars par an d'ici à 2020, que les pays du Nord se sont engagés à verser aux pays du Sud à Copenhague en 2009, pour les aider à faire face aux impacts du changement climatique. Depuis quelques heures en effet, les Etats-Unis, notamment, tentent de modifier la formulation de la dernière version du texte.

Le négociateur américain Todd Stern, craignant le blocage du Congrès, a proposé pendant la nuit de modifier l'article 6 sur le financement. Il souhaite changer «les pays développés doivent participer», en «on attend des pays développés» qu'ils payent les 100 milliards de dollars par an… «Ils bloquent tout progrès, martèle l'ambassadrice sud-africaine. Le G77 est allé aussi loin que possible. Si le processus échoue, ce ne sera ni la faute de la présidence française, ni celle du G77, mais la faute du groupe de l'ombrelle, qui prend le processus en otage.» Pour Alix Mazounie, du Réseau Action climat (RAC), «un accord de Paris qui raboterait l'article 6 sur la finance serait inadmissible. Là, ils tentent le tout pour le tout. Sauf s'ils acceptent d'être les bad guys de la COP.»