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Libération
Abandon

Des fous oubliés

En Russie, un hôpital psychiatrique a brûlé, tuant 24 personnes et en blessant gravement 23 autres.
Les pompiers devant les vestiges calcinés de l'hôpital psychiatrique d'Alferovka, en Russie, Russie, dimanche. (Photo REUTERS)
publié le 15 décembre 2015 à 16h20

Cela se passe loin, si loin de la France, dans le sud-ouest de la Russie. Et puis les fous, sont-ils vivants ? Qui s’en soucie, ici ou ailleurs ?

Samedi soir,  au village d'Alferovka, dans la région de Voronej. Le feu a éclaté dans un bâtiment en bois de l'hopital psychiatrique. Soixante-dix patients et quatre infirmiers se trouvaient alors dans le lieu. 24 morts, 23 blessés graves. Plus de 440 pompiers et secouristes et quelque 80 véhicules ont été dépêchés sur les lieux de l'incendie. On imagine, avec effroi, la scène. Plusieurs patients avaient pris des sédatifs et des somnifères avant de se coucher. Ils ne sont pas rendu compte du danger, a rapporté la chaîne de télévision russe. Faut-il s'en réjouir ? «Ils ne se sont simplement pas réveillés», a rapporté le correspondant de la chaîne. «D'autres gens avaient peur et se cachaient sous leurs lits quand ils ont vu les secouristes, a raconté un témoin. C'était horrible, la fumée, l'odeur de brûlé et le fait de savoir que ceux qui sont restés à l'intérieur sont déjà morts.»

Selon des médias russes, le feu aurait été provoqué par un court-circuit dû aux installations électriques vétustes. La faute à la malchance ? Sûrement, mais la fatalité a ses habitudes. «Des événements tragiques dans des hôpitaux neuro-psychiatriques et des maisons de retraite ont lieu tous les ans en Russie», a rappelé le comité d'enquête dans un communiqué. «Et les causes des décès massifs de ces personnes défavorisées sont chaque fois les mêmes : un financement insuffisant, des bâtiments vétustes et le manque de personnel, surtout quand il s'agit des permanences de nuit.» Et, à chaque fois, le comité d'enquête russe met en évidence «des conditions inadmissibles qui ont contribué à ces tragédies».

Tous les ans, de nombreuses personnes périssent ainsi dans des incendies en Russie. Ainsi, en avril 2014, huit personnes ont trouvé la mort dans un incendie qui a ravagé un centre de désintoxication pour drogués dans l’Altai, en Sibérie. En septembre 2013, 37 patients avaient péri dans l’incendie d’un hôpital psychiatrique dans le nord-ouest de la Russie. En avril de la même année, 38 personnes – en majorité des handicapés mentaux –avaient péri dans l’incendie d’un hôpital de la région de Moscou.