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Libération

En Turquie, plus de 200 000 personnes évacuées après l’offensive gouvernementale contre le PKK

publié le 21 décembre 2015 à 19h41

Tirs à l'arme lourde, perquisitions, ratissages et couvre-feu imposé aux habitants. Depuis mercredi, les autorités turques ont lancé de très vastes opérations dans le sud-est du pays, majoritairement kurde. Elles visent principalement les villes de Cizre et de Silopi, à la frontière de la Syrie et de l'Irak. L'armée assurait lundi matin avoir tué 123 rebelles du PKK, la guérilla kurde. Laquelle ne reconnaît que la mort de «deux martyrs». L'ordre des médecins et l'association de défense des droits de l'homme affirment qu'au moins 53 civils ont été tués par les forces de l'ordre. Plus de 10 000 militaires et policiers ont été déployés, selon les médias, pour déloger de jeunes partisans du PKK qui ont transformé en zone de guerre des quartiers entiers de ces deux villes, bastions de la rébellion kurde, en érigeant des barricades et en creusant des tranchées.

«Les policiers et les soldats masqués de cagoule noire cassent les portes des maisons, expulsent les habitants par la force et font des fouilles. Ils cherchent les guérilleros qui ne sont pas là», témoignait jeudi Ferhat Encu, député HDP (kurde, gauche) qui affirme que «des milliers de gens fuient Cizre» et dénonce «un véritable nettoyage ethnique». En tout, ce sont plus de 200 000 personnes qui ont évacué ces zones. A Cizre comme à Silopi, policiers et forces spéciales ont réquisitionné l'ensemble des bâtiments scolaires. Le ministère de l'Education avait invité dimanche par SMS l'ensemble du corps enseignant à quitter leurs écoles. «Alors que l'ouest du pays s'amuse avec le nouveau jeu vidéo Star Wars, l'Orient saigne à cause d'une vraie guerre», notait en fin de semaine Umur Talu du quotidien Haberturk. «Les opérations se poursuivront jusqu'à ce que l'ordre public soit rétabli», a déclaré le chef d'Etat-major, Hulusi Akar.

Sur la lancée de la victoire de son parti aux législatives, le président islamo-conservateur, Recep Tayyip Erdogan, a réaffirmé sa volonté «d'éradiquer» le PKK, un groupe actif depuis 1984. La guerre entre l'Etat et le PKK a fait quelque 40 000 morts en trente ans. Le Premier ministre turc, Ahmet Davutoglu, a de son côté promis une action «ininterrompue» contre ce parti armé, invitant «les habitants à dénoncer les terroristes». Les «déclarations d'autogestion» lancées par certains maires de la région sont un véritable défi à l'autorité d'Ankara.