Pendant que certains (inconscients !) se réjouissent de la douceur hivernale, d'autres en payent le prix en y laissant un poumon ou deux. A Pékin, Rome ou Sarajevo, d'épais nuages de particules fines recouvrent habitants et bâtiments, poussant les autorités à prendre des mesures de limitation de la pollution.
Pékin dans le brouillard
Ce 25 décembre, la capitale chinoise s'est réveillée dans un smog blanc et compact, à l'âcre odeur de charbon. On n'y voit pas au-delà d'une centaine de mètres. La concentration de particules de 2,5 microns de diamètre, particulièrement dangereuses car elles pénètrent profondément dans les poumons, a atteint vendredi 620 microgrammes par m3, selon les relevés de l'ambassade américaine. Soit très au-dessus du seuil maximal de 25 microgrammes recommandé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour une exposition de vingt-quatre heures. La municipalité a de nouveau décrété une «alerte rouge» (niveau maximal) à la pollution atmosphérique.
La circulation a été interrompue sur certaines autoroutes périphériques et le trafic aérien était fortement perturbé. Plus de 500 vols intérieurs et internationaux au départ ou à l’arrivée de Pékin ont été annulés faute de visibilité.
La pollution est exacerbée par l’utilisation accrue de charbon pour la production d’électricité durant l’hiver et par les émissions nocives des régions industrielles entourant Pékin.
En Italie, Milan et Rome imposent la circulation alternée
Rome a décidé jeudi d’imposer la circulation alternée les 28 et 29 décembre. Elle s'appliquera durant les deux phases horaires où la pollution atmosphérique est la plus forte : entre 7h30 et 12h30, et entre 16h30 et 20h30. La municipalité avait d'abord envisagé une interdiction totale sur plusieurs heures. Il sera possible d’emprunter les transports en commun pendant toute une journée avec un ticket spécial de 1,50 euro.
Mercredi, la ville de Milan avait déjà annoncé une interdiction de la circulation en journée du 28 au 30 décembre. Au sud de la capitale lombarde, Pavie lui a emboîté le pas.
Dans les deux métropoles, les autorités ont également demandé de limiter le chauffage à 18 degrés dans les habitations et les bureaux, à l’exception des hôpitaux et des écoles. La pollution atmosphérique dépasse les niveaux d’alerte depuis plusieurs semaines dans de nombreuses villes italiennes, les particules fines stagnant dans l’air en l’absence de vent et de pluie.
Sarajevo ferme ses écoles
L'indice de qualité de l'air est habituellement compris entre 0 et 50 à Sarajevo. Jeudi, il était de 94, la ville étant littéralement couverte par un épais nuage poussiéreux. Certes, c'était pire quelques jours plus tôt, les valeurs enregistrées atteignant parfois 300, un niveau de pollution considéré comme dangereux. Mais ça a suffi à la municipalité de Sarajevo pour décider de fermer les écoles primaires et secondaires jeudi et demander en conseil municipal un départ anticipé des élèves en vacances d’hiver, c’est-à-dire une semaine avant la date officielle.
Plusieurs autres villes sont également touchées par la forte pollution de l’air, notamment Lukavac et Tuzla. La situation perdure depuis plusieurs semaines à cause d’une météo stable et ne changera pas avant janvier, selon les prévisions. La pollution est provoquée par les gaz d’échappement et l’utilisation du charbon pour le chauffage de dizaines de milliers de foyers.
En Inde, Delhi tente tardivement de réagir
Plus de 8,5 millions de véhicules sont déjà en circulation à Delhi, auxquels s’ajoutent 1 400 nouvelles voitures chaque jour. Et les seuils de pollution grimpent encore en hiver, lorsque des milliers d’Indiens allument des feux pour se chauffer. De quoi en faire la capitale la plus polluée du monde. Mais le chef de l’exécutif de New Delhi, Arvind Kejriwal, a souhaité réagir ces derniers jours, appelant jeudi les habitants à s’impliquer dans son expérimentation de circulation alternée.
Au programme : l'expérimentation de la circulation alternée pendant les deux premières semaines de janvier, afin de tenter d’assainir l’air chargé en particules fines. Les véhicules dotés de plaques d’immatriculation impaires rouleront les jour impairs et les autres, les jours pairs. Des policiers chargés de la circulation, aidés de 10 000 volontaires, veilleront au respect de la consigne. Les contrevenants se verront imposer une amende 2 000 roupies (28 euros), ce qui représente une somme coquette pour bon nombre d’habitants. Les transports publics seront également renforcés avec des milliers d’autobus supplémentaires.
Mais l’interdiction de circuler ne concernera pas les deux roues, qui contribuent beaucoup au brouillard ambiant.