C'était un Noël particulier pour les catholiques du monde entier. Un Noël sous haute sécurité aux abords des églises dans des capitales comme Paris en raison des menaces jihadistes, mais aussi au Vatican. Où le pape François a jugé, lors de la traditionnelle messe de minuit retransmise jeudi soir aux 1,2 milliard de fidèles téléspectateurs, que doivent «cesser toute peur et toute frayeur» pour les chrétiens, en raison de la «lumière» que constitue la naissance de Jésus, «notre sauveur né dans une mangeoire».
Sortant d'une grippe, Jorge Bergoglio, 79 ans, était pâle et parlait d'une voix basse. Il n'en a pas moins mâché ces mots, se posant en apôtre de la décroissance spiritualiste : «Dans une société souvent éprise de consommation et de plaisir, d'abondance et de luxe, d'apparence et de narcissisme, Dieu nous appelle à un comportement sobre, c'est-à-dire simple, équilibré, cohérent, capable de saisir et de vivre l'essentiel», a-t-il balancé en guise de pavé dans les bûches au chocolat et les écrans tactiles. En clair : débranchons tout et revenons à nous, intime-t-il.
Vendredi, pour sa troisième déclaration urbi et orbi depuis le palais apostolique de la place Saint-Pierre de Rome, le souverain pontife s'est penché sur les questions internationales. Il a fermement condamné «les atroces actions terroristes sous les cieux d'Egypte, à Beyrouth, Paris, Bamako et Tunis», et dénoncé le fait que le terrorisme jihadiste «n'épargne pas le patrimoine historique et culturel de peuples entiers». Il a soutenu les processus onusiens en Syrie et Libye, demandé aux Palestiniens et Israéliens de reprendre fissa «un dialogue direct». Enfin, dans sa veine sociale, le pape François a lancé un nouvel appel à l'ouverture des sociétés occidentales aux migrants et réfugiés du Sud, demandant «d'abondantes bénédictions pour tous ceux, qui, simples particuliers et Etats, s'emploient avec générosité à les secourir et les accueillir […], les aidant à s'intégrer». De quoi ravir Angela Merkel et dépiter Marion Maréchal-Le Pen.