L’or noir n’aura jamais aussi bien porté son nom. Noir comme un ciel chargé d’orages sur une planète en plein bouleversement où l’abondance de l’offre, l’assèchement de la demande et l’évolution des modes de consommation d’énergie font du pétrole une matière première presque ringarde (la COP 21 a montré qu’un nombre croissant d’institutions se détournent des énergies fossiles, et ce n’est qu’un début) qui n’enrichit plus les plus riches et permet aux plus pauvres - pour l’instant - de rouler ou de se chauffer à moindre coût. Les cours du pétrole ont rarement été aussi bas (la dernière fois, c’était au plus fort de la crise financière de 2008) et la mauvaise nouvelle, c’est que cela va continuer ainsi pendant quelque temps encore.
Pourquoi mauvaise puisque le consommateur y trouve son compte ? Parce que ce satané pétrole est bien plus qu’une source d’énergie, c’est une arme économique et surtout géopolitique. Que ses cours s’effondrent, que son avenir s’obscurcisse et c’est tout l’équilibre du monde - déjà pas au top - qui se voit chamboulé. La Russie, qui vit essentiellement de ses exportations de gaz et de pétrole, souffre. Le Venezuela et le Nigeria idem. L’Arabie Saoudite se voit contrainte, pour la première fois, de mettre un terme à son train de vie dispendieux au risque de voir sa population gronder. Et l’Iran, qui pensait se refaire en profitant de la levée des sanctions pour revenir sur le marché, déchante. Quant aux Américains, ils ont investi tant et plus dans une production de gaz et pétrole de schiste qui n’a plus de valeur. La seule bonne nouvelle - et ce n’est pas rien -, c’est que beaucoup de ces acteurs sont en train de livrer bataille au Moyen-Orient et que la chute des cours pourrait peut-être calmer leurs ardeurs guerrières. Bonne année quand même…