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Libération

Attaque à Tel-Aviv : le discours de Nétanyahou divise

publié le 3 janvier 2016 à 19h01

L’inquiétude et l’incompréhension croissent dans le centre d’Israël. Parce que Nashaat Melhem (31 ans), le terroriste présumé qui aurait ouvert le feu sur des terrasses de Tel-Aviv vendredi (deux morts, sept blessés), courait toujours dimanche après-midi malgré l’importance du dispositif policier. Et parce que, selon les autorités, le fuyard serait armé. La justice le soupçonne aussi d’avoir abattu un chauffeur de taxi peu après avoir tiré sur les terrasses.

Incapables de déterminer si Melhem est un terroriste mandaté par une organisation ou un «loup solitaire», les responsables israéliens ont eu un discours ambigu : ils recommandent à la population «de poursuivre ses activités habituelles tout en restant sur ses gardes».En conséquence, les garderies, les jardins d'enfants et les établissements scolaires de Tel-Aviv ont enregistré un taux d'absentéisme record de 50 %.

Samedi soir, à la sortie du shabbat, Benyamin Nétanyahou s'est rendu sur les lieux de l'attentat. Accroché à une tribune portative spécialement installée à même la rue, il a promis que les services de sécurité israéliens «pénétreront» dans les villages arabes du pays pour y saisir les armes. «Nous développerons de manière conséquente les services judiciaires et légaux dans tout le secteur arabe», a-t-il ajouté.

La très grande majorité de la communauté arabe d'Israël (20 % de la population) a dénoncé la tuerie. C'est d'ailleurs le père de Melhem qui l'a immédiatement signalé après avoir vu sa photo à la télévision. Les élus de son village ainsi que des bourgades voisines ont également publié une lettre ouverte présentant leurs condoléances aux victimes et promettant de dénoncer le terroriste s'il prenait contact avec des membres de la population. Ils ont été suivis par les porte-parole de la Liste arabe unie. Pour Nétanyahou, «cela ne suffit pas». «J'appelle les citoyens arabes, et surtout les musulmans, à choisir leur voie, celle de l'intégration et de la paix.»

Ces propos tenus à un endroit dédié au recueillement ont été ressentis comme une insulte par les responsables de la communauté arabe israélienne. «Qu'est-ce qu'il veut exactement ? Qu'on rampe à ses pieds en lui demandant pardon d'exister ?» s'est exclamé l'élu arabe Ahmed Tibi. «Quoique nous fassions, certains nous considéreront toujours comme une cinquième colonne ennemie dans ce pays. Par son discours insultant, Nétanyahou vient d'en montrer un nouvel exemple», a estimé le leader de la Liste arabe unie, Ayman Odeh.