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Libération

La Catalogne, pas encore indépendante et déjà ingouvernable

publié le 5 janvier 2016 à 19h41

Le président sortant de la région Catalogne, Artur Mas, s’est dit prêt mardi à convoquer de nouvelles élections, plutôt que de faire des concessions à la CUP, le parti anticapitaliste qui bloque sa reconduction depuis trois mois.

Le 27 septembre, à l’issue des élections régionales, l’arithmétique faisait pavoiser les partisans de l’indépendance : la coalition (centre droit et gauche) emmenée par Mas atteignait, grâce à l’appoint de la CUP (gauche radicale), la majorité absolue. Mais c’était oublier le caractère irréductible de cette petite formation sans leader proclamé, antieuropéenne et antieuro, où toutes les décisions sont prises en assemblée générale.

Dès la campagne électorale, la CUP avait prévenu : oui au lancement du processus indépendantiste, dont le gouvernement de Madrid ne veut pas entendre parler, mais pas question de conserver à la tête de la région Artur Mas, homme d’affaires libéral mêlé à divers scandales financiers. De fait, l’investiture de Mas a été rejetée plusieurs fois au Parlement de Barcelone, les voix de la CUP lui faisant défaut. La Catalogne est donc dans une impasse institutionnelle, en raison certes de l’intransigeance des anticapitalistes, mais aussi de l’entêtement de Mas, qui ne veut pas céder la place, obsédé par l’idée d’être le Moïse qui emmènera le peuple catalan vers l’autodétermination.

Les parlementaires ont jusqu’à dimanche pour investir un gouvernement régional. Les tractations vont se succéder toute la semaine, avec une faible chance d’aboutir. Si l’échec se confirme, de nouvelles élections devront être convoquées pour le printemps, les quatrièmes dans la région en un peu plus de cinq ans.

«Ce n'est pas le scénario que je préfère, mais je suis prêt à signer la convocation de nouvelles élections», a déclaré le président sortant de la Catalogne. Une forme de hara-kiri, puisque les législatives espagnoles du 20 décembre ont bouleversé le paysage catalan. Convergencia, le parti de Mas, a perdu la moitié de ses députés à Madrid, tandis que Podem, branche catalane de Podemos, devenait la première formation de la région. A sa tête, la charismatique maire de Barcelone, Ada Colau. Une adversaire de l'indépendance.