Le Premier ministre britannique David Cameron a repris son bâton de pèlerin pour convaincre les pays de l'est de l'Europe de soutenir son projet de réforme de l'Union européenne. Un projet d'union a minima qu'il prétend nécessaire de réaliser pour convaincre son opinion de renoncer au «Brexit» (la sortie du Royaume-Uni de l'UE). Avant les fêtes, il s'était rendu à Varsovie où il avait reçu un accueil mitigé, même si sa formation, le Parti conservateur, et le PiS (Droit et Justice) polonais, qui a remporté en octobre les législatives, sont assis sur les mêmes bancs du Parlement européen au sein du groupe des conservateurs et des réformateurs européens (ECR), sur lesquels siègent aussi les députés de l'ODS, un parti minoritaire eurosceptique de la droite tchèque.
A Budapest jeudi, Cameron a de nouveau essuyé le feu des craintes est-européennes. Car une des réformes qu'il exige est la suppression des bénéfices sociaux pour les migrants venus d'Europe orientale au Royaume-Uni, dont des centaines de milliers de Hongrois et de Polonais, premiers bénéficiaires de la liberté de circulation que Cameron entend freiner. Migrants, le mot est resté dans la gorge de Viktor Orbán, l'homme qui le premier a dressé des barbelés pour empêcher le passage de réfugiés de Syrie arrivés en Europe par les Balkans. «Nous ne sommes pas des migrants au Royaume-Uni mais des citoyens appartenant à l'Union européenne, qui pouvons travailler dans n'importe quel pays de l'UE, a martelé le Premier ministre hongrois jeudi. Nous voulons pouvoir exercer ce droit qui est le nôtre. Donc nous n'allons pas parasiter le Royaume-Uni, nous voulons simplement pouvoir exercer nos droits et travailler.» Il a laissé entendre que les autres pays du groupe de Visegrad (Pologne, République tchèque et Slovaquie) seraient sur les mêmes positions.
Il s'est peut-être un peu vite avancé. Le gouvernement polonais, qui avait réagi pareillement début décembre, serait en train d'évoluer. Dans une interview à Reuters le 30 décembre, le ministre polonais des Affaires étrangères, Witold Waszczykowski, a laissé entendre qu'il pourrait céder sur les aides sociales s'il obtenait des avantages «en terme de sécurité internationale», à savoir le soutien de Londres à l'installation dans son pays de deux brigades de l'Otan pour faire face à la menace russe : un peu moins d'Europe pour un peu plus d'Amérique.