L'imagination des internautes chinois pour contourner la censure est infinie. Tout comme les efforts fournis par la cyberpolice pour faire taire toute voix critique sur les réseaux sociaux. En juin 2013, pour le 24e anniversaire du massacre de Tiananmen, les chars ayant réprimé dans le sang la révolte étudiante avaient été remplacés par quatre énormes canards sur ce montage circulant sur Weibo, le Twitter chinois :
La très puissante Cyberspace administration of China (CAC) avait bien sûr supprimé l'image, mais avait également pourchassé toutes les représentations du canard géant de l'artiste néerlandais Hofman, qui faisait alors un tabac dans les ports d'Asie, et même bloqué les recherches sur Internet relatives au volatile.
En 2015, c'est Winnie l'Ourson qui a été l'image la plus censurée sur Weibo, selon le palmarès publié par le Weiboscope, un logiciel en ligne inventé par des chercheurs de l'université de Hongkong, qui récupère les messages supprimés en Chine continentale sur le site de microblogging. Ce n'est pas la première fois que le facétieux ourson se faisait remarquer. En juin 2013, il était apparu avec son ami le Tigre dans un montage s'amusant de la ressemblance avec les présidents Xi et Obama, sur une photo de Reuters prise pendant une rencontre informelle en Californie entre les deux leaders, quelques mois après l'investiture du président chinois.
The most popular photo on Weibo in the past 24 hours. pic.twitter.com/iaTE3yVcM5
— XQ (@MissXQ) June 11, 2013
Le gourmand, généreux et un peu bête héros en peluche imaginé par le Britannique Alan Alexander Milne en 1926 s'était ensuite fait un peu plus discret. Jusqu'au 3 septembre dernier, jour de la Grande Parade organisée pour les 70 ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale et de la capitulation du Japon, célébrés en grande pompe à Pékin. Ce jour-là, Xi Jinping inspectait ses troupes depuis le toit ouvrant de sa voiture (photo Reuters).