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Libération

Catalogne : c’est reparti vers l’indépendance

publié le 10 janvier 2016 à 19h31

Le «procès», le nom catalan désignant le processus devant mener à la sécession avec l'Espagne (et qui donne de l'urticaire à Madrid), rebondit, à la surprise générale. Donné pour mort, sa résurrection s'est produite samedi grâce au «sacrifice» du leader Artur Mas qui, fin 2012, avait entamé un bras de fer avec Madrid dans le but de «rompre tous les liens avec le reste de l'Espagne».

Aux régionales de septembre 2015, sa liste séparatiste l’avait emporté, mais sans majorité absolue. Pour l’obtenir, il fallait le soutien du mouvement d’extrême gauche de la CUP, or ce dernier refusait d’appuyer l’investiture de Mas, libéral de centre-droit qui, depuis trois ans, a appliqué des remèdes de cheval pour juguler le déficit public et obéir à Bruxelles.

Le «salut» des séparatistes a été obtenu in extremis, au terme de négociations interminables entre les membres de la coalition disparate. Samedi, Artur Mas a (enfin) accepté de ne pas être le chef de file, et le choix s’est reporté sur une personnalité qui rassemble davantage : Carles Puigdemont, maire de Gérone et président de l’association des municipalités pro-indépendance, l’AMI.

Linguiste de formation, ex-rédacteur en chef du journal souverainiste El Punt, Puigdemont fut l'un des plus actifs artisans de la résolution d'indépendance approuvée le 9 novembre par le Parlement autonome à Barcelone - résolution ensuite invalidée par le Tribunal constitutionnel, à Madrid.

Les élections régionales qui devaient se répéter en mars n'auront donc pas lieu. Dimanche, Carles Puigdemont devait devenir le 121e président de la Generalitat, l'exécutif autonome catalan. Jamais avant lui un leader n'aura hérité d'une mission aussi précise qu'extravagante : la coalition séparatiste s'est engagée à obtenir l'indépendance en… dix-huit mois.