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Libération
Critique

La Stasi sans ecstasy

publié le 10 janvier 2016 à 17h01

Jusque-là, je n'avais jamais suivi de série allemande. On a vu pire comme dépucelage germanique - j'aurais pu être accro à Derrick ou à Rex, chien flic mais comme je n'aime ni les chiens ni les ex-nazis, il y avait peu de chance que cela arrivât. Deutschland 83 a tout pour plaire, pourvu qu'on aime les histoires d'espionnage. Dans un contexte tendu comme un string est-allemand, à savoir la crise des euromissiles en 1983, un jeune officier de la Stasi doit infiltrer une base militaire d'Allemagne de l'Ouest. Le tout est servi par de très bons acteurs, une photo léchée et une B.O. 80s aux petits oignons (David Bowie, The Cure, Stevie Wonder…). Sauf qu'au-delà du super boulot des accessoiristes, on n'y croit pas une seconde. Le type devient agent secret en moins de temps qu'on forme un équipier McDo ; il ne subit pas le moindre interrogatoire en arrivant en RFA ; personne ne remarque qu'il s'éclipse à chaque entraînement pour visiter une «boîte aux lettres» planquée dans un arbre; il réussit des missions improbables et discute avec ses contacts de la RDA à dix centimètres de son boss. Ça n'en fait pas une mauvaise série, mais n'est pas John Le Carré qui veut, alors si vous préférez le réalisme au sensationnel, on vous conseille plutôt The Americans.