Aux agressions sexuelles de la Saint-Sylvestre répond maintenant la violence de l'extrême droite. 250 néonazis et hooligans masqués ont attaqué lundi soir le quartier alternatif de Connewitz, à Leipzig (ex-RDA), en marge d'une manifestation de Legida, version locale du mouvement islamophobe Pegida. Dans la rue Wolfgang-Heinze, où alternent cafés, kebabs et boutiques de proximité, pas une vitrine n'a résisté aux jets de pierres et d'engins incendiaires. Les forces de l'ordre ont procédé à 211 contrôles d'identité. Près d'une soixantaine de délits ont été constatés, cinq policiers ont été blessés. Selon la presse régionale, la «Camaraderie libre de Dresde», un groupe néonazi, avait promis «une surprise» et appelé ses membres à se rendre à Leipzig.
Bikers et videurs. Deux jours plus tôt, à Cologne cette fois, les milieux d'extrême droite avaient appelé à venger les agressions commises le 31 décembre contre des femmes et imputées pour la plupart à des Marocains ou à des Algériens. Un groupe d'au moins 25 hommes, pour la plupart connus pour leur appartenance à l'extrême droite, aux clubs de bikers ou au milieu des videurs de discothèque, ont poursuivi puis frappé douze Pakistanais, deux Syriens et quatre Africains. Cette fois, c'est le très actif et réputé violent milieu d'extrême droite des environs de Dortmund qui est en cause. Les autorités observent de près l'activité de plusieurs points de rencontre des groupes néonazis de la région. Et, régulièrement, la police intervient pour mettre fin à des concerts de groupes interdits.
La situation inquiète la chancellerie. Consciente d’un risque de dérapages à quelques semaines d’importantes élections régionales, Angela Merkel multiplie les déclarations sécuritaires, alors que 3 000 à 4 000 réfugiés continuent de passer chaque jour de l’Autriche vers la Bavière.
Durcir. La chancelière, qui rencontrait mardi son homologue algérien, Abdelmalek Sellal, s'est inquiétée d'une forte augmentation, depuis début décembre, du nombre de clandestins en provenance d'Algérie et du Maroc, réclamant à Alger de «faciliter les expulsions d'Algériens déboutés du droit d'asile». Le Maroc et l'Algérie sont régulièrement accusés par l'Allemagne de s'opposer au retour de leurs ressortissants. «Nous devons bien sûr nous assurer d'abord qu'il s'agit bien d'Algériens, ce qui peut ralentir la procédure», a concédé Sellal. La police de Cologne s'émeut depuis des mois d'une recrudescence de la criminalité émanant de jeunes Marocains ou Algériens, au statut incertain, comme l'agresseur du commissariat du XVIIIe arrondissement de Paris, qui a transité par un foyer de réfugiés en Allemagne. Berlin va durcir sa politique à l'égard des étrangers délinquants. CDU et SPD, au pouvoir à Berlin, se sont mises d'accord mardi pour assouplir le cadre des expulsions. A l'avenir, il suffira d'une condamnation avec sursis pour ordonner l'expulsion d'un réfugié. Officiellement, Berlin ne remet pas en question sa politique d'accueil à l'égard des personnes fuyant la guerre. Mais lundi, la police autrichienne estimait que l'Allemagne refusait à de plus en plus de migrants l'entrée sur son territoire depuis début janvier. Selon la presse allemande, de 100 à 200 réfugiés seraient refoulés chaque jour, contre 60 en moyenne en décembre. Il s'agirait de personnes refusant la prise de leurs empreintes digitales en République fédérale, pour pouvoir poursuivre leur route vers les Pays-Bas, le Danemark ou la Suède, qui ont quasiment fermé leurs frontières.