Cela n'aura pas été long : dans la foulée de l'attentat qui a fait, ce matin, 10 morts et 15 blessés dans le quartier de Sultanahmet à Istanbul, une «interdiction temporaire de publication», pour des motifs de «sécurité nationale» et d'«ordre public», a été transmise aux médias locaux. Plusieurs correspondants étrangers s'en sont fait l'écho, comme la journaliste du New York Times Ceylan Yeginsu, ainsi que des médias turcs et l'agence de presse Anadolu.
Difficile cependant, à ce stade, d'en connaître la nature exacte. Le journaliste indépendant Alex Christie-Miller, qui travaille notamment pour le Times et Newsweek, juge l'ordre «vague et potentiellement très large». Certaines chaînes de télévision ont arrêté leur direct, rapporte Europe 1, pour reprendre des programmes classiques, mais d'autres continuent à couvrir l'événement. Pour CNN Türk, le black-out ne s'appliquerait qu'aux tournages ou photos sur le lieu de l'explosion. De fait, les informations continuent à circuler, sur les sites web et les réseaux sociaux.
Blocages
Reste que le régime d'Erdogan est coutumier de la censure de la presse, et qu'il est allé, à plusieurs reprises, jusqu'à faire bloquer les grandes plateformes du Net. En juillet 2013, dans la foulée du mouvement de la place Taksim, celui qui était alors Premier ministre les avait qualifiées de «pire menace pour la société», et plusieurs utilisateurs avaient fait état de blocages.
Rien que l'année dernière, en avril, un tribunal d'Istanbul avait ordonné le blocage de 150 sites – dont Facebook, Twitter et YouTube – à la suite de la diffusion d'une photographie de la prise d'otage d'un procureur par deux hommes armés, qui s'était soldée par la mort du magistrat. L'accès à Twitter avait de nouveau été interrompu en juillet, après un attentat-suicide à Suruç, près de la frontière avec la Syrie, puis en octobre, après l'attentat d'Ankara. Et la Turquie figure à la première place pour les demandes gouvernementales de retraits de contenus faites auprès du site de microblogging, et se classe deuxième, après l'Inde, pour celles transmises à Facebook.