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Libération

«Angela Merkel est devenue le chef de l’UE et, à ce titre, du "monde libre".»

publié le 18 janvier 2016 à 20h01

Aucun doute, pour George Soros, la chancelière allemande reste «le chef de l'Union européenne et, à ce titre, indirectement, du "monde libre"». Dans un long entretien (1), qui parait ce mardi dans la New York Book Review, et en France sur Libération.fr, le financier et philanthrope d'origine hongroise estime que Merkel s'est notamment révélée au moment de l'invasion de l'Ukraine par les troupes russes : «Jusque-là, il s'agissait d'une femme politique douée, qui savait décrypter l'opinion publique et répondre à ses besoins. Mais en résistant à l'agression russe, elle a acquis une stature de meneur qui a su prendre des risques.»

George Soros estime surtout que Merkel s'est montrée «encore plus clairvoyante en admettant que la crise des migrants pouvait détruire l'Union européenne, premièrement en faisant exploser le système Schengen d'ouverture des frontières et, deuxièmement, en sapant le marché commun». Pourtant, en dépit de ces risques et alors que «son plan n'était pas assez bien préparé», elle a pris une «initiative courageuse pour changer l'attitude des populations».

Dans le cas des migrants, estime-t-il, Angela Merkel «a agi selon des principes et s'est montrée prête à risquer sa suprématie». «Elle mérite le soutien de ceux qui partagent ses valeurs», juge celui qui, jeune juif sous l'occupation nazie de la Hongrie, a survécu à l'Holocauste. «Je crois que madame Merkel partage ces valeurs à cause de son histoire personnelle : elle a grandi sous le joug communiste en Allemagne de l'Est, sous l'influence d'un père pasteur.»

Mais aujourd'hui, la crise des réfugiés ne trouve pas de réponse adéquate en Europe, estime George Soros. «L'UE a besoin d'un plan complet de réaction à la crise, un plan qui réaffirmerait un gouvernement actif face aux flux de demandeurs d'asile, de manière à ce qu'ils arrivent en bon ordre et en toute sécurité, à un rythme qui corresponde aux capacités d'absorption de l'Europe», propose-t-il.