Un poncif voudrait que, lorsque la Chine éternue, le monde s'enrhume. Il semble plus vrai que jamais depuis que Pékin contribue à plus de 50 % de la croissance mondiale. Il a suffi que la Chine admette que la croissance de son PIB ne sera que de 6,9 % en 2015 pour que les global leaders grimpent au rideau. Qu'importe si ces estimations sont de plus en plus surévaluées. A l'image d'une hausse de sa production industrielle autour de 6 %, quand son fret ferroviaire a plongé de plus 10 % ou une «consommation d'acier, et d'énergie en chute libre», dit Matthieu Auzanneau, auteur de l'Or noir, la grande histoire du pétrole. En gardien de l'orthodoxie économique, le FMI s'en alarme. Et redoute le «déraillement» de l'économie globale ; une crise plus grave que celle de 2008, assure l'économiste Patrick Artus. C'est entendu, «l'atonie de la demande» fait plonger le cours des matières premières. A commencer par le baril de brut, au plus bas depuis treize ans. La Russie s'enlise dans la récession (-1 %), le Brésil plonge (-3,5 %), l'Europe végète… Plutôt que de se féliciter d'un or noir peu cher, susceptible de générer quelques micropoints de croissance, il faudrait s'en inquiéter. Ou rappeler, comme l'a fait Christine Lagarde, la patronne du FMI, le 7 octobre, que «c'est le bon moment pour introduire une taxe carbone». Non pas histoire d'«avoir un matelas de sécurité pour combattre la prochaine crise», comme elle l'assurait, mais pour inciter à investir dans des énergies plus sobres, développer les énergies vertes, et lutter contre les émissions de gaz à effet de serre plutôt que les doper via les subventions à l'énergie fossile. «Il faut être sourd et aveugle pour ne pas voir que c'est le moment idoine pour le faire», souffle Pierre Larrouturou, coprésident de Nouvelle Donne. Surtout après l'accord de Paris sur le climat à l'issue de la COP 21. L'instaurer tient plus que du symbole pour une réelle transition économique, écologique et sociale. Il revient à jeter, à l'instar de ce que recommandent des experts comme Sen, Stiglitz, Fitoussi, ou Gadrey, les bases d'une nouvelle vision de la croissance. Si l'on veut un monde plus égalitaire, démocratique et prospère, il faut se projeter au lieu d'avoir le nez dans le guidon. L'Agence internationale pour l'énergie renouvelable a ainsi publié vendredi une étude qui évalue divers scénarios sur les bénéfices des énergies non fossiles. On y apprend que le doublement des renouvelables dans le mix énergétique (36 % en 2030 par rapport à 2010) pourrait générer 1,1 point de croissance supplémentaire, soit 1 300 milliards de dollars de valeur ajoutée chaque année, et 24,4 millions d'emplois.
Analyse
La locomotive chinoise s’essouffle, quelle alternative ?
par Christian Losson
publié le 19 janvier 2016 à 19h21
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