«Chaque jour, deux Aylan», titrait Libération en une, le 5 novembre, avec la photo d'un enfant inerte sur la grève, une bouée de plage à ses côtés, en écho à celle d'Aylan Shenu, Syrien âgé de 3 ans noyé le 2 septembre, dont l'histoire avait ému le monde entier. Vendredi, c'est «dix-sept Aylan» qui ont péri en mer Egée, lors d'une des journées les plus noires depuis que des centaines de milliers de personnes affluent en Europe pour chercher refuge depuis l'Afghanistan, la Syrie, l'Irak, l'Erythrée ou encore la Libye.
Au moins quarante-trois personnes sont mortes dans trois naufrages différents entre les côtes de Turquie et de Grèce en cette seule journée de vendredi. La veille, ce sont douze migrants, dont plusieurs enfants, qui perdaient la vie après avoir embarqué sur un voilier à Izmir (Turquie) à destination des îles grecques, situées à quelques dizaines de kilomètres. Depuis le début de l’année, Athènes et les organisations humanitaires mettaient en garde contre le risque croissant encouru par les réfugiés et les migrants du fait de l’hiver.
En janvier, un million de personnes sont arrivées en Europe, empruntant pour la plupart les voies maritimes. Rien que ce vendredi, les gardes-côtes italiens ont secouru près de 1 000 personnes en difficulté venues de Libye sur huit canots pneumatiques.
Le Premier ministre turc, Ahmet Davutoglu, a assuré ce vendredi, à Berlin, lors d'une rencontre avec la chancelière Angela Merkel, que «la Turquie [allait] tout faire pour réduire le nombre de réfugiés». En contrepartie, l'obligation d'avoir un visa pour les Turcs souhaitant se rendre dans l'espace Schengen pourrait être supprimée «d'ici à octobre».