Il n'y a pas que le Rafale dans la besace du Président. S'il s'est dit «optimiste» sur la signature d'un accord, ce lundi, avec l'Inde, François Hollande vise aussi d'autres marchés. Il est arrivé dimanche pour trois jours en Inde, dans la ville de Chandigarh (nord), l'une des trois futures «cités intelligentes» que la France a choisi d'accompagner avec Nagpur, près de Bombay, et Pondichéry. Les autorités indiennes ont l'intention de transformer 100 villes en «smart cities» dans les quatre ans à venir.
Parmi les mesures destinées à la rationalisation des ressources urbaines que le gouvernement indien imagine : un réseau électrique intelligent qui répartit le courant selon les besoins, des compteurs d’eau malins qui facturent différemment en fonction de l’horaire et un accès subventionné à des voitures hybrides. Les autorités prévoient de consacrer 1,1 milliard d’euros à cet effet. L’Agence française de développement, elle, débloquera 2 milliards d’euros de crédits pour y soutenir des projets d’infrastructure ou de traitement des eaux. Des chantiers auxquels compte participer l’industrie française - 49 chefs d’entreprise présents dans la caravane présidentielle espèrent bien glaner des contrats. L’Inde compte la croissance la plus rapide des grandes économies (7 %) et son urbanisation s’annonce folle. Seul un tiers de la population vit aujourd’hui en ville - un chiffre qui devrait plus que doubler d’ici à 2050, selon le gouvernement, pour atteindre 843 millions d’urbains.
Sous cette appellation futuriste, le projet de «smart cities» recouvre des besoins très basiques : fournir de l’eau et de l’électricité à tous, à toute heure, puis retraiter les eaux usées, ce qui serait déjà révolutionnaire. Un quart des urbains de l’Inde vivent dans des bidonvilles, où ils se raccordent souvent de manière illégale à ces services, à moins d’être ravitaillés en eau par des camions-citernes.
Par ailleurs, près de 80 % des eaux usées sont rejetées sans être traitées. «La notion de service public de l'eau n'est pas encore très développée», explique Patrick Rousseau, directeur de Veolia en Inde. L'entreprise française a été choisie en 2012 pour une délégation inédite afin de fournir de l'eau potable en continu aux 2,4 millions d'habitants de la ville de Nagpur.«Une fois que le service de base existera, nous pourrons inclure des outils informatiques dans les compteurs à eau pour en faire un service smart», affirme Patrick Rousseau.