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Libération
Éditorial

Pari

Hassan Rohani durant une conférence de presse à Téhéran, le 17 janvier. (Photo Atta Kenare. AFP)
publié le 26 janvier 2016 à 19h51

Malgré ses limites et nombre d’ambiguïtés, l’accord du 14 juillet 2015 sur le programme nucléaire iranien représente une rare victoire de la diplomatie dans un Moyen-Orient ravagé par les guerres. Hassan Rohani est le visage souriant et respectable d’une République islamique qui peut ainsi réintégrer la communauté internationale. Ce régime théocratique pourtant n’a pas changé. Les conservateurs et le Guide verrouillent toujours le pouvoir et la quasi-totalité des candidats réformateurs ont, pour le moment, été exclus des élections législatives du 26 février. La répression continue contre les opposants. On peut craindre aussi qu’une bonne partie des dizaines de milliards de dollars d’avoirs dégelés par la levée progressive des sanctions serve à soutenir le Hezbollah ou le régime d’Assad plus qu’à relancer une économie exsangue. La République des mollahs est donc attendue sur ses actes, et notamment sur le dossier syrien.

Ce pari de l’ouverture mérite néanmoins d’être tenté, car une bonne partie de la société civile iranienne presse pour une démocratisation. Les autorités françaises ont en main de bonnes cartes. Les liens sont anciens. Ils ont résisté à l’alignement de la France mitterrandienne sur Saddam Hussein pendant la guerre Iran-Irak et aux attentats comme aux prises d’otages commanditées par Téhéran. La fermeté montrée par la diplomatie française dans les négociations sur le nucléaire ne les a pas affaiblis non plus. Ce positionnement a permis à François Hollande de devenir l’un des interlocuteurs privilégiés, et parfois bien complaisant, d’une Arabie Saoudite inquiète autant des ambitions régionales de Téhéran que des atermoiements américains. Le président français pourrait ainsi, alors qu’il va recevoir son homologue iranien, aider à une désescalade entre Riyad et Téhéran.