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Libération
TRIBUNE

Des intellectuels criminalisés en Turquie

Le 15 janvier, des universitaires turcs ont été interpellés pour avoir signé un appel réclamant la fin de l’offensive militaire anti-PKK dans le Sud-Est, à majorité kurde.
Recep Tayyip Erdogan jeudi à Ankara. (Photo Adem Altan. AFP)
publié le 31 janvier 2016 à 17h31

Le 10 janvier, plus de 1 100 enseignants-chercheurs, appartenant à 89 universités de Turquie, disent publiquement leur opposition aux opérations de guerre conduites dans le sud-est du pays contre la population civile kurde, déjà victime du terrorisme de l'Etat islamique et qui subit, de plein fouet, la rupture du dialogue avec le PKK voulue unilatéralement par Ankara. Déclarant qu'ils «ne seron[t] pas complices de ce crime», ces «universitaires pour la paix» sont aussitôt poursuivis pour «insulte à la nation turque et à l'Etat turc» et «propagande en faveur d'organisations terroristes». A cette criminalisation de l'action intellectuelle répond immédiatement une vaste mobilisation des milieux scientifique à l'échelle mondiale. A Paris, où s'est créé, en novembre 2011, un mouvement en faveur de la liberté de recherche et d'enseignement en Turquie, une réunion publique d'information se tient à l'Ecole des hautes études en sciences sociales, en présence de son président et de 200 chercheurs et spécialistes. Dans la foulée est lancée une pétition dont voici le texte.

«Face à la persécution massive ordonnée par le chef de l’Etat turc contre les universitaires, chercheurs, intellectuels, signataires de la pétition du 10 janvier 2016 ("Nous ne serons pas complices de ce crime !") pour la fin de la guerre dans le sud-est du pays, et à la suite de la réunion d’information organisée le 18 janvier 2016 à Paris (Ecole des hautes études en sciences sociales) par le Groupe international de travail (GIT), les soussignés appellent à la solidarité pour leurs collègues persécutés en Turquie, et s’engagent à poursuivre, sans relâche, la défense de la liberté de recherche et d’enseignement reconnue comme un droit fondamental des sociétés. Ils invitent le gouvernement turc, ainsi que les présidents d’université en Turquie, à respecter la liberté d’expression, qui est une norme universelle ne dépendant pas d’une décision politique arbitraire. Ils appellent également le gouvernement français et toutes les instances de l’Union européenne à porter la plus grande attention au respect des droits fondamentaux en Turquie.»

PREMIERS SIGNATAIRES

Hamit Bozarslan directeur d’études EHESS Yves Déloye professeur, Sciences-Po Bordeaux Vincent Duclert chercheur, EHESS Diana Gonzalez enseignante, Sciences-Po Paris Emine Sarikartal traductrice Ferhat Taylan groupe international de travail pour la liberté de recherche et d’enseignement en Turquie Etienne Balibar professeur, université Paris-Ouest-Nanterre Christian Laval professeur, université Paris-Ouest-Nanterre Ahmet Insel professeur, éditeur Philippe Descola professeur au Collège de France…

Tous les signataires sur : gitinitiative.com

Signature possible jusqu’au 10 février inclus.