Les primaires américaines commencent ce lundi, avec le caucus de l’Iowa qui désignera des délégués, lesquels investiront un ticket de candidats lors de la convention nationale de cet été, avant l’élection générale de novembre. Vous n’avez rien compris ? On vous explique.
Lire aussi notre mode d'emploi: Les primaires américaines, comment ça marche ?
Bellwether state
Elisabeth Vallet, dans Comprendre les élections américaines (Septentrion, 2012), décrit un «bellwether state» comme un «Etat qui vote toujours – lors de l'élection générale – pour le candidat qui remporte finalement la présidence. On le dit par exemple de l'Ohio qui, depuis 1896, et à l'exception des élections de 1944 et 1960, a toujours voté pour le gagnant de l'élection présidentielle».
Caucus
Les caucus sont une des formes de désignations des candidats, qui ne concernent qu'une quinzaine d'Etats (14 chez les républicains, 18 chez les démocrates). C'est un système un peu complexe, comme un vote en pyramide, à partir de l'échelon le plus petit possible : les militants se réunissent au niveau de leur bureau de vote et élisent leurs représentants au niveau du comté, qui eux-même élisent leurs représentants au niveau de l'Etat, qui eux-même élisent leurs délégués (delegates) à la convention nationale... Le caucus de l'Iowa est le premier à avoir lieu, dans les deux camps. Il est ainsi particulièrement important, non par sa taille mais parce qu'il lance les primaires… et en donne, du coup, le ton. Les amateurs de la série américaine The Good Wife l'ont vu dans l'épisode diffusé début janvier, où le candidat à la primaire Peter Florrick voit son avenir basculer lors du caucus de l'Iowa [attention spoiler dans le lien].
Collège électoral
Il est composé des grands électeurs, désignés dans chaque Etat pour élire le/la président(e). Ce terme n’existe pas dans la Constitution américaine mais est employé de fait.
Convention nationale
Elle a lieu l’été précédant l’élection générale. Aussi bien chez les républicains que chez les démocrates, c’est un moment important du calendrier électoral, puisque c’est là que les délégués, qui ont été désignés lors des primaires, valident officiellement les noms des candidats à la présidence et à la vice-présidence pour leur parti.
Délégués
Ils représentent les candidats à la primaire et se réunissent avant l’élection générale, lors de la convention nationale de chaque parti, pour désigner officiellement le ticket de deux candidats de leur parti à la présidentielle.
Election générale
C’est le jour où les électeurs se rendent aux urnes pour voter pour le/la président(e) des Etats-Unis, ou plutôt, pour les grands électeurs qui le ou la désigneront. Cette année, ce sera le mardi 8 novembre.
Faithless electors
Ce sont les grands électeurs qui ne votent pas forcément pour le candidat qu'ils sont pourtant censés soutenir. Imaginons que Donald Trump remporte la primaire républicaine et qu'il arrive en tête, à l'élection générale, dans le Wisconsin. Si les grands électeurs du Wisconsin ne peuvent pas le piffer, ils pourraient décider de s'abstenir. Ce n'est pas l'usage, mais cela arrive. En 2012, rappelle le Figaro, cinq délégués républicains pro-Ron Paul avaient admis n'être pas sûrs de voter pour Mitt Romney – qui avait pourtant battu leur favori lors de la primaire – face à Barack Obama.
GOP
Ce sont les initiales de Grand Old Party. Il s’agit du surnom du parti républicain.
Grands électeurs
Le/la président(e) des Etats-Unis est élu(e) au suffrage universel indirect. Le 8 novembre, les Américains ne désigneront donc pas une personne mais un groupe de grands électeurs (electors), réunis au sein d'un «collège électoral» de 538 membres, qui eux-mêmes éliront le ou la président(e). Pour l'emporter, un(e) candidat(e) doit obtenir la majorité absolue de 270 voix. Théoriquement, un candidat peut perdre en nombre total de voix mais l'emporter grâce aux grands électeurs – c'est ce qui est arrivé en 2000 lors du duel George W. Bush-Al Gore. Chaque Etat est représenté par des grands électeurs en nombre égal à celui des sénateurs et représentants au Congrès. Etat le plus peuplé des Etats-Unis, la Californie compte 55 grands électeurs, le Texas 38, la Floride 29. Les Etats les moins peuplés ont au minimum 3 grands électeurs.
Iowa
C'est l'Etat qui donne le top départ des primaires – le 1er février cette année – puisque c'est le premier à voter pour ses délégués, qui désigneront le candidat à la présidentielle, côté républicain comme côté démocrate (voir à «caucus»).
PAC ou Super PAC
Aux Etats-Unis, les donations pour l'un ou l'autre des candidats, limitées à quelques milliers de dollars pour les particuliers et très encadrées pour les syndicats et entreprises, doivent obligatoirement passer par des comités d'action politique (political action comitees), censément indépendants et qui n'ont pas le droit de mentionner nommément le candidat dans l'intitulé du PAC. Cette année, un PAC de soutien à la républicaine Carly Fiorina a par exemple dû se renommer en urgence, ou plus exactement, transformer en acronyme son nom, «Carly», en «Conservative, Authentic, Responsive Leadership for You and For America (CARLY for America)». Bien joué.
En 2010, un arrêt de la Cour suprême conduit à la création de PAC d'un nouveau type, déplafonné. Ce «Super PAC» est un «comité politique qui a pour principal but d'influencer les élections et qui peut prendre des donations illimitées de sociétés, de syndicats ou de riches individus, à condition que l'argent soit dépensé indépendamment de la campagne du candidat», ainsi que le définit Nicholas Confessore, qui suivait le volet financier de la campagne de 2012 pour le New York Times.
Des petits candidats lors des élections locales peuvent aussi être soutenus par ces organisations qui espèrent retourner le Congrès en leur faveur. Le plus gros Super PAC républicain est l'American Crossroads, avec sa branche Crossroads GPS, financé en grande partie par Wall Street et de gros entrepreneurs. Moins bien lotis, les démocrates ont le Priorities USA Actions. En dehors des Super PAC, lors de la dernière élection, 55% des donations démocrates ne dépassaient pas 200 dollars, contre 22% pour les républicains. Si vous comprenez l'anglais, regardez cette vidéo du New York Times qui explique tout des Super PAC :
Primaire
Si les modalités d'élection diffèrent d'un pays à l'autre – les républicains américains ne voteront pas de la même façon que le parti français Les Républicains –, une primaire consiste toujours à désigner le candidat d'un parti à une élection ; ici, à l'élection présidentielle. Cette année, les démocrates devront choisir entre Hillary Clinton, Bernie Sanders, et Martin O'Malley - Lincoln Chafee, Lawrence Lessig et Jim Webb s'étant retirés de la course. Côté républicain, il y a foule : Chris Christie, Jim Gilmore, Donald Trump, Jeb Bush, Mike Huckabee, John Kasich, Ted Cruz, Carly Fiorina, Ben Carson, Rand Paul, Rick Santorum, et Marco Rubio restent dans la course. Vous pouvez découvrir les profils des candidats et suivre les défections grâce à cette page Wikipédia plutôt bien foutue.
Pour le plaisir, un gif de la favorite des sondages chez les démocrates
Notez toutefois une petite fantaisie côté républicains : il n’y aura pas de primaire dans le Colorado, le Dakota du Nord, le Wyoming mais aussi dans les îles Guam et Samoa américaines.... mais ils auront bien des délégués à la convention nationale de cet été ! En fait, les militants voteront pour des délégués qui n'auront pas à s'engager fermement pour l'un ou l'autre des candidats. Aucun délégué élu n'aura donc de mandat obligatoire le jour de la convention.
Super délégués
Les militants ne sont pas les seuls à voter pour l'investiture - par le biais des délégués. Depuis les années 80, des «super délégués» (superdelegates, qui sont des gouverneurs, des membres du Congrès, les anciens présidents et vice-présidents…) votent de droit à la convention nationale démocrate qui valide le ticket qui va se présenter à l'élection générale. Cette année il y en a 713 chez les démocrates (il y en avait 796 en 2012), et représentent 30% de la majorité absolue, soit le nombre requis pour être désigné (2 383 délégués sur 4 764). Le même statut existe chez les Républicains mais il représente une part beaucoup plus marginale des votants.
Swing State (ou battlegroung state ou purple state)
Il s’agit des Etats qui ne sont pas traditionnellement acquis à un camp. Le Texas, par exemple, vote généralement pour les républicains, la Californie pour les démocrates. Au contraire, l’Ohio, le Wisconsin, l’Iowa, la Floride, le Colorado, le Nevada, le New Hampshire, la Virginie, la Pennsylvanie, le Missouri et la Caroline du Nord sont considérés comme des Etats clés pour remporter l’élection (certains observateurs en comptent seize). Les sondeurs les scrutent, les candidats les labourent jusqu’à la dernière minute, les bombardent de clips et y concentrent leurs dépenses parce que leur indécision peut, à quelques voix près, faire basculer l’issue de l’élection dans un sens ou dans l’autre («swing» signifiant «balance»). On les appelle aussi parfois «purple state» ou «battleground state». De la même façon, on nomme «swing voters» les électeurs qui ne sont pas acquis à un camp et changent volontiers leur vote d’une élection à l’autre.
Super Tuesday
C'est, lors du processus des primaires, le mardi où le plus d'Etats (plus d'une quinzaine, mais la liste varie d'une élection à l'autre) votent en même temps. Il a lieu fin février ou début mars. Cette année c'est le 1er mars, et il concerne 13 Etats pour les démocrates, 11 pour les républicains.
Ce qui risque d’arriver à pas mal de candidats le jour du Super Tuesday
Ticket
Les candidats à la présidentielle se présentent en duo : un(e) candidat(e) à la présidence et un(e) vice-président(e). Les primaires sont généralement l'occasion de constituer ces tickets : en fonction de la popularité, des profils, des accords se nouent. Pour reprendre l'exemple de la série The Good Wife, si le gouverneur de l'Illinois Peter Florrick se présente, c'est dans l'espoir non pas de gagner l'investiture, mais de se faire remarquer pour constituer un ticket avec Hillary Clinton.
Too close to call
Cette expression, qu’on pourrait traduire par «trop serré pour annoncer», est utilisée lorsque les premiers résultats d’un scrutin ne permettent pas de désigner clairement un vainqueur car le nombre de voix obtenues par deux candidats est trop proche. Dans ce cas, il faut attendre le décompte final pour être certain de son issue.
Vote électronique
Après le fiasco de l'interminable comptage des voix en Floride en 2000, qui s'était soldé par l'élection de George W. Bush face à Al Gore, les Etats-Unis se sont attelés à réformer le système de vote. La loi Hava (Help America vote act) de 2002 permet aux Etats et localités qui le souhaitent de remplacer leurs cartes perforées par des machines de vote électronique. Seuls quatre comtés utiliseront encore le 6 novembre le système éculé des cartes perforées, tous dans l'Idaho. En réalité, le vote électronique recouvre plusieurs systèmes différents, il peut même coexister avec les bulletins à cocher. Résultat, une multiplicité de situations.
Qui dit vote électronique dit aussi problème de défaillance des machines et de piratage. En juillet 2012, un rapport de l'université de Rutgers montrait que dans 20 Etats sur 50, le système de vote est «inadapté» ou nécessite une amélioration – seize n'auront pas de sauvegarde papier dans toutes leurs circonscriptions. Le système n'est jugé «bon» ou «bon dans l'ensemble» que dans seulement six Etats. «De fait, dans chaque élection nationale des dix dernières années, les systèmes de vote par ordinateurs ont failli», explique le rapport. Qui ajoute : il est «fort probable que le système électoral ne fonctionnera pas dans plusieurs endroits du pays».
Vote anticipé
Les électeurs peuvent envoyer leur bulletin par la poste où à le déposer à la mairie sans attendre le jour du vote, un mardi – jour travaillé. L'élection américaine s'étale en fait sur plusieurs semaines, grâce au early vote, possible dans la plupart des Etats. Au bout du compte, un tiers des votants environ s'exprime en avance, en particulier les travailleurs peu qualifiés dont les emplois ne permettent pas de s'absenter pour aller voter.