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Libération

A Jérusalem, deux jeunes condamnés pour avoir brûlé vif un Palestinien

publié le 4 février 2016 à 19h41

Si les juges du tribunal de district de Jérusalem avaient voulu faire un exemple, ils ne s’y seraient pas pris autrement. Jeudi, ils ont lourdement condamné les deux mineurs accusés d’avoir, le 2 juillet 2014, brûlé vif Mohamad Abou Khdeir, un ado de Jérusalem-Est alors âgé de 16 ans, pour venger l’enlèvement et l’assassinat de trois Israéliens par des sympathisants du Hamas basés à Hébron (Cisjordanie). Le premier tueur, 17 ans, a été condamné à la perpétuité, et son complice a écopé de vingt et un ans de détention. Yosef Haïm Ben David, leur mentor âgé de 31 ans, a aussi été reconnu coupable mais dans le cadre d’une procédure séparée puisqu’il souffre de problèmes psychiatriques.

En 2014, la mort d'Abou Khdeir avait provoqué de violentes émeutes à Jérusalem et dans les territoires occupés. L'assassinat des Israéliens avait, lui, débouché sur un bras de fer entre Israël et le Hamas ainsi que le déclenchement de l'opération «Bordure protectrice». Depuis lors, Hussein Abou Khdeir, le père du supplicié, a acquis une stature dans la société palestinienne, dont les principaux partis se disputent le soutien. Deux ans après les faits, le souvenir de son fils reste vivace : son portrait tapisse les murs des grandes villes de Cisjordanie et de nombreux Palestiniens le considèrent comme un «héros». Durant «l'intifada des couteaux», des jeunes attaquant des Israéliens à l'arme blanche écrivaient sur Facebook vouloir «rejoindre Mohamad» ou «mourir en chayid [«martyr»] pour le venger». Pour la presse israélienne, ces condamnations sont d'autant plus importantes que d'autres procès s'annoncent. Entre autres, celui d'Amiram Ben Ouliel et ses amis, des colons d'extrême droite accusés d'avoir, en juin 2015, balancé des cocktails Molotov par la fenêtre ouverte du salon de la famille Dawabsheh (trois morts), des Palestiniens sans histoire résidant à Douma.